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Les membres de l'équipage du Montero étaient désormais prisonniers du Chronus. L'immense vaisseau dérivait lentement dans le vide glacé de l'espace, moteur toujours à l'arrêt et avec à son bord un xénomorphe monstrueux et totalement étranger à la théorie de l'évolution darwinienne …
La table de jeu est prête pour accueillir les aventuriers pour la suite de leur aventure
Acte 3 : l'union fait la force ?
Dans le Hangar du Cronus- Pont D (P26)
La créature avait été avalée par le vide stellaire (Cf. Episode précédent) depuis un certain temps lorsque Davis (Olivier), prise par son addiction, essaya de se donner du courage:
- Allez ma grande ! Tu peux le faire. T'’as vraiment besoin d'une dose au plus vite, juste une dernière. Un vaisseau scientifique, ce serait étonnant qu’il n’y ait pas de réserves dans leur putain de labo. Juste une dose, une petite dose.
Davis se glisse enfin hors de la navette de secours.
Poussée par le manque, la pilote enfila son casque et se glissa hors du Daisy. L'obscurité du hangar était oppressante et lourde de menace car même le rétablissement de l'électricité n'avait pas réactivé l'éclairage dans cette zone. Davis pouvait entendre le cliquetis de chaînes probablement détendues pour maintenir les caisses de marchandises en place. Elle pressa le pas, direction le pont B et la zone des laboratoires. Sur le chemin, elle découvrit les restes du corps de Cham et elle avisa le lance-flammes non loin de la dépouille. Elle s'en empara avant de s'engouffrer dans la cage d'escalier toute proche.
Sur la passerelle de commandement - Pont B (P20)
Tandis que Davis progressait; la capitaine Miller essayait de reprendre en main les opérations et de fixer une conduite à tenir. Hormis la pilote, tous les survivants étaient désormais présents sur la passerelle, même si Clayton, l'agent de liaison Weyland, rejoignit le groupe une bonne dizaine de minutes après le reste de l'équipe.
Docteur Flynn
La présence du xénomorphe dans les conduits était au cœur des discussions, chacun y allant de son commentaire. Certains souhaitaient traquer la bête tandis que d'autres privilégiaient le redémarrage du vaisseau pour rallier au plus vite la station Anchorpoint.
Tous furent cependant d'accord pour dire que la priorité première était de prendre quelques heures de repos après avoir totalement sécurisé la passerelle et s'être occupé du corps du professeur Cooper. Les rôles furent répartis : le docteur Flynn (Marc), qui avait apporté un sac mortuaire, se chargerait de la dépouille de son collègue tandis que Ryes (Alex) souderait la grille de ventilation donnant sur la salle sous la supervision de l'agent Wilson (Jeff). Miller (Charlotte), quant à elle, accompagnée de l'agent de sécurité Reid se rendrait à la cantine du bord afin de voir si elle pouvait mettre la main sur de l'eau ou de la nourriture consommable.
Sur la passerelle, les échanges quant à la conduite à tenir sont tendus.
Quelque part dans les conduits
Le néomorphe tourna légèrement la tête: le bruit provenait de la cage d'escalier. La créature se coula dans les ombres et progressa dans les conduits sans difficulté malgré sa taille impressionnante. Finalement elle se laissa tomber sans discrétion sur un palier deux niveaux en dessous de Davis. La chose capta immédiatement l'aura de peur et de nervosité de l'humaine avec des sens au-delà de ce qui était naturel.
Mais le xénomorphe rôde toujours en quête d'une proie.
C'était intéressant. Sa proie était en manque et elle avait besoin d'un traitement. Il devait exister un moyen de profiter de ce fait. Un souvenir lui revint, une réminiscence d'un passé qui n'était plus le sien. Le néomorphe ne parvenait pas à l'interpréter. Cela devait forcément avoir un sens mais … c'était sans importance
Déjà les résidus de conscience de celui qui fut professeur Cooper se dissolvaient et finalement il ne resta plus que l'abomination mutante. Ces quelques instants d'immobilité avaient permis à Davis d'échapper à une mort presque certaine. Délaissant sa proie, le néomorphe replongea dans les ténèbres des conduits.
Zone des laboratoires - Pont B
La poitrine oppressée, le souffle court, Davis atteignit finalement la zone occupée par les laboratoires. Peu désireuse de croiser la chose qui s'était probablement glissée derrière elle dans la cage d'escalier, elle franchit un premier sas ignorant les pictogrammes de sécurité avant de s'engouffrer dans l'un des laboratoires. La zone était plongée dans les ténèbres et la pilote se figea, sa lampe balayant l'espace devant elle.
Davis découvre l'horreur des laboratoires
Il ne restait rien du laboratoire et quoi qu'il se fut passé ici, l'équipage y avait mis fin très rapidement en utilisant abondamment un ou deux incinérateurs. Le faisceau lumineux se posa sur les restes partiels et calcinés d'une sorte de cuve d'où émergeait un corps enterré dans les débris, ses bras ratatinés s'agrippant à sa poitrine. Horrifiée, Davis bâtit précipitamment en retraite dans le couloir sans pour autant renoncer à trouver quelques substances euphorisantes.
De plus en plus en manque, elle jeta un œil à travers l'oculus d'une autre salle. Des lumières blafardes y clignotaient et ajoutaient, si c'était encore possible, un peu plus au sentiment d'horreur qui émanait de cette partie du vaisseau. Au travers du verre sécurit, elle distingua une table d'examen ainsi qu'un congélateur dont la porte en verre avait été brisée. Un suintement de fluide noirâtre s'en était écoulé, formant des flaques figées sur le sol. D'étranges nodules fongiques noirs poussaient sur les parois de l'appareil et dans les mares. A cette vue elle éprouva inexplicablement une brusque souleur qui menaçait de se transformer en hurlement. Peu lui importait la créature qui hantait les couloirs, elle devait fuir ce lieu de cauchemar. Dans les brumes du manque et de la malepeur, elle songea à l'infirmerie et à la promesse d'une armoire à pharmacie bien garnie.
La cantine - Pont B
Miller laissa Reid prendre la tête du groupe. La soldate connaissait le vaisseau bien mieux qu'elle et les corridors n'étaient pas un lieu dans lequel il convenait de trainer. Malgré la remise en marche d'une partie des équipements, l'éclairage restait vacillant et certains recoins étaient aussi sombres de les bouches de l'enfer. Les deux femmes scrutaient avec angoisse le moindre d'entre eux. Alors qu'elles s'approchaient de la porte de la cambuse, la lampe de Miller accrocha quelque chose au sol, dans un couloir latéral.
- Reid, attendez une seconde. Il y a quelque chose là-bas.
Reid revint sur ses pas et fixa la point indiqué par le faisceau lumineux de la torche.
- Un corps ?
- Je ne crois pas. Allons voir.
Sur le sol reposait une enveloppe translucide évoquant la mue d'un serpent. Reid fit une grimace et tenta de la soulever avec le canon de son arme. Une substance la collait au sol et de longs filaments gélatineux s'étirèrent quant elle la souleva.
- C'est dégueulasse.
- C'est une mue ! Cette saleté a bel et bien muée comme Wilson l'avait soupçonné.
- Ne restons pas ici capitaine. Je n'ai pas envie de savoir si la proprio est encore dans le coin.
- Vous avez raison. On est pas là pour ça. On préviendra Flynn, et il verra ce qu'on doit faire de ça.
Reprenant leur progression, les deux femmes atteignirent finalement le mess. La pièce était dans un désordre indescriptible. A la grande déception de la capitaine les magasins d'alimentation avaient été ravagés: il n'y avait plus rien à récupérer ici. Miller prit cependant note d'un fait étrange: quelqu'un avait fabriqué des animaux en origami avec du papier métallique et les avait disposés dans la pièce.
- Reid, on se replie sur la passerelle. Il n'y a rien de récupérable ici.
- Une seconde capitaine. Je vais au moins prendre de l'eau.
Suite à son réveil, Père avait amorcé les systèmes de chauffage et, se faisant, décongeler le réseau d'eau. Reid trouva plusieurs bouteilles vides qu'elle rinça abondamment avant de les remplir. L'équipe put se désaltérer, ce qui compensa quelque peu la déception de rester le ventre vide.
Conformément au plan arrêté, la porte de la passerelle fut fermée et Ryes finit de souder la grille d'aération. Les tours de garde furent organisés et chacun se trouva un endroit pour s'y reposer. Concomitamment, Davis atteignit l'infirmerie et en informa la passerelle. Elle reçut l'ordre de s'y retrancher dans l'attente que l'équipe vienne la rejoindre. La pilote ne se fit pas prier. L'endroit était plutôt confortable et dans les armoires médicales elle avait mis la main sur un stock d'analgésique opioïde. Après s'être assurée d'avoir convenablement verrouillé l'accès à la salle, elle se prépara un petit cocktail et se laissa dériver dans les brumes du plaisir.
Sur la passerelle de commandement - Pont B (P20)
Les quelques heures de repos prises avaient fait leur œuvre, la plupart des membres de l'équipe étaient moins fatigués même si les traits restés tirés et creusés par l'angoisse résultant de la situation. L'angoisse se mua en peur sur les visages après que Wilson eut expliqué que durant son tour de garde il avait clairement entendu la chose rôdait dans la coursive derrière la porte. Elle n'avait cependant pas tenté d'accéder à la passerelle. A la surprise de tous, Valérie Reid laissa exploser sa colère:
- Saloperie ! On n'a qu'à se la faire ! On est plus nombreux, on est armé ! Et ceux qui n'ont pas les couilles de faire le boulot, n'ont qu'à aller se faire cuir le cul ! hurla t-elle le visage couvert de sueur.
- Reprenez vous Reid ! s'exclama Miller. Nous avons établi un plan, nous allons nous y tenir …
Se fut finalement le second officier Jhons qui parvient à calmer l'ancienne marine. Mais son brusque accès de colère, en contradiction avec le caractère posé précédemment affiché, n'était pas passé inaperçu. D'un simple regard, le docteur Flynn, Wilson et Miller se comprirent: contamination ? Il était urgent de procéder à des tests, voire à distribuer les vaccins encore disponibles.
- Très bien, maintenant que tout le monde est calmé, on se reprend dit Miller. Nous allons tout d'abord nous rendre à l'infirmerie afin d'y récupérer Davis et voir si d'autres vaccins sont disponibles. Puis nous nous dirigerons vers la soute afin d'y récupérer des vivres. Et ensuite on ouvre la chasse ! Cela vous convient Reid ?
La soldate hocha la tête tout en maugréant que l'occuper lui ferait passer ce foutu mal de tête. Le docteur profita de la situation pour inviter Reid à se laisser examiner une fois à l'infirmerie.
Ryes, quant à elle, informa ses compagnons qu'elle restait sur place - comme convenu - pour commencer à travailler sur les postes de pilotage, l'agent Clayton se proposa de rester à ses côtés, tant pour l'aider que pour sécuriser la zone. Il n'est jamais bon de rester seule souligna t-elle. Wilson sentit les poils de sa nuque se hérisser à ces mots et il ne put se départir du sentiment que sa collègue de la Weyland préparait quelque tour pendable…
Wilson et Miller discutèrent un instant à l'écart du groupe qui se préparait à partir puis Reid s'approcha du sas. En réponse à l'action de Reid, la porte de la passerelle s'ouvrit lentement sur le corridor qui s'engloutissait dans une semi-obscurité inquiétante. Wilson se tourna vers le docteur:
- On laisse Reid en tête de colonne afin de la garder à l'œil. Jhons se tiendra à côté d'elle car il semble être le seul qu'elle écoute encore. Vous docteur, vous restez à côté de moi. On ne voudrait pas vous perdre, vous comprenez. Quant au capitaine, elle reste au centre du groupe.
Miller s'approcha alors, confirma l'ordre de marche qu'elle avait décidé quelques instants plus tôt avec Wilson puis elle ajouta:
- J'ai eu Davis. Elle est toujours à l'infirmerie, mais je crois qu'elle est complétement shootée. Madame Clayton, fermez la porte dès que nous serons sortis. La bête ne doit en aucun cas atteindre la passerelle.
- Ne vous inquiétez pas capitaine, répondit Clayton en souriant. Ryes et moi, nous allons faire ce qu'il faut pour qu'on s'en sorte.
Corridor - Pont B
Le groupe progressa prudemment le long de la coursive tous les sens en éveil, Reid était en tête et Wilson fermait la marche. Tout était silencieux et désert, ce simple état de chose avait un effet déplorable sur les nerfs. Ils avaient atteint un carrefour lorsque Jhons entendit un bruit au-dessus de lui. Il leva les yeux sur le plafond grillagé et crut voir une forme s'y déplacer. Le temps qu'il alerte ses compagnons, Reid franchissait le coin de l'intersection.
La chose se laissa choir du plafond à une vitesse ahurissante. Reid aperçut une face de cauchemar sans yeux, oreilles, ni cheveux… seulement un crâne blanchâtre allongé et … des crocs. Des bras puissants se saisirent de la soldate qui hurla alors que plusieurs de ses côtes cédaient sous la pression. Avec une force inimaginable, le néomorphe enserra Reid comme un amant monstrueux puis recula dans les ténèbres aussi aisément que s'il eut porté un nourrisson.
Sa face aveugle semblait fixer Wilson
L'attaque avait été si rapide … Bousculant Flynn, Wilson voulut se lancer à la poursuite de la créature, mais s'arrêta quelques pas plus loin aux côtés de Millers, le fusil braqué sur le corridor. Le néomorphe s'était immobilisé avant de se retourner. Il laissa tomber Reid au sol comme s'il avait perdu tout intérêt pour sa proie. Sa face aveugle semblait fixer Wilson. Il dévoila ses dents en un sinistre sourire et poussa un sifflement horrible.
La créature s'était immobilisée comme cherchant la confrontation.
Au pieds du néomorphe Reid, les yeux écarquillés, la bouche ouverte, tremblante de terreur, glissa sur le sol. Le court gémissement plaintif qu'elle émit pendant l'effort suffit à rompre le lien visuel entre le chasseur et ses proies. Le monstre reporta son attention sur l'ancienne marine et il arma son appendice caudale en grondant.
Les coups partirent ! La décharge du fusil à pompe de Wilson emporta la tête de la chose, tandis que la capitaine Miller logeait deux balles dans son torse. Sous l'impact la créature fut projetée en arrière de plusieurs mètres avant de s'écraser au sol, baignant dans du sang noir et visqueux.
Immédiatement le docteur se précipita afin de porter secours à Reid. L'officier médical l'aida à se remettre debout, remarquant avec inquiétante la dilatation extrême de ses pupilles ainsi que sa respiration difficile. Il se tourna vers ses compagnons :
- Il faut la conduire à l'infirmerie immédiatement. Elle souffre probablement d'une contusion pulmonaire et sa mydriase m'inquiète encore plus. C'est peut être pathologique annonça Flynn en insistant sur l e dernier terme.
Abandonnant le corps du mutant, le groupe se précipita à l'infirmerie peu désireux de voir Reid se transformer à son tour. En entrant la pièce ils furent accueillis par Davis qui affichait un large sourire et Miller comprit immédiatement que la pilote s'était laissée à son addiction favorite. Au moins avait -elle récupéré l'arme de Cham pensa t-elle en apercevant le lance-flammes posé sur un meuble.
Sur la passerelle de commandement - Pont B (P20)
Ryes et l'agent Clayton n'avaient rien perdu des échanges entre les membres de l'équipe, la capitaine Miller ayant exigé que les canaux de com restassent ouverts le plus souvent possible. Elles avaient entendu l'aboiement caractéristiques des armes de poing et entendu les cris et les hurlements. La peur les avait saisies puis le soulagement à l'annonce la mort du monstre. Quand le calme revint et que l'équipe annonça son arrivée au poste médical, Clayton coupa la transmission et demanda à Ryes de faire de même.
L'agent Clayton fait une proposition qui ne se refuse pas.
- Tu as bien conscience que Reid est foutue ? Elle va se transformer en une de ces … choses, lâcha calmement Clayton. On ne pourra pas tenir bien longtemps.
- Et alors ?
- Si je te disais qu'on peut s'en sortir toi et moi ? Que j'ai le moyen de quitter ce foutu vaisseau pour rallier Archorpoint ?
- Continue
- Je dispose toujours d'un navette de secours personnelle. A l'époque je n'ai pas pu la rejoindre en raison de l'infestation. Mais maintenant nous pourrions l'atteindre...ensemble. La compagnie nous paiera grassement si nous leur ramenons le résultat des recherche et une souche de Draconis 26. Et pour te prouver la bonne foi de la compagnie, je te verserai déjà une avance de 500.000 dollars cache .
Les yeux de Ryes se mirent à briller et elle pensa à mère et à son frère malade. Elle pourrait les mettre à l'abri avec cette fortune et payer un traitement.
- Pourquoi moi ?
- J'ai besoin de quelqu'un qui s'y connait en mécanique en cas de soucis durant le trajet.
- Et les autres ? Il y a combien de place dans ton VEU ?
- Les autres, on s'en fout et je ne dispose que deux places. Vu notre position, en deux semaines nous rallierons Anchorpoint ! Allons Ryes, réfléchis ! Je parle de millions de dollars.
- Si nous ramenons les recherches, mais nous n'avons rien je te rappelle.
Un sourire carnassier déforma le visage de Clayton tandis qu'elle sortait de sa poche une fiole hermétiquement scellée.
- Je l'ai récupérée dans le médialab lorsque j'ai accompagné Wilson. Quant aux données, elles sont contenues dans un cube de traitement modulaire enfermé dans mon coffre. On n'aura qu'à le récupérer avant de partir.
- Il faut que je réfléchisse indiqua Reyes en réactivant son comlink.
C'est alors que les cris de Reid retentirent sur les ondes … Ryes regarda Clayton triomphante:
- Ok, on se casse.
Laissant la passerelle derrière elles, les deux femmes filèrent en direction de la cabine privée de Clayton.
Infirmerie - Pont B
Reid était allongée sur la table d'examen, le corps trempé de sueur. Flynn tapota la seringue de tranquillisant et se tourna vers sa patiente. La soldate roula des yeux fou en le voyant s'approcher et son bras fut pris d'une secousse incontrôlé. Une douleur lui fait l'effet d'un choc électrique et son visage se déforma. Elle se redressa à une vitesse ahurissante, empoigna le médecin et le projeta sur Davis, les envoyant rouler au sol. Puis elle bondit vers la porte, bousculant au passage Miller.
- Je sais ce que vous allez faire ! Vous voulez me tuer ! Vous ne m'aurez pas bande de salauds.
Elle se rua dans le corridor qu'elle commença à remonter en direction de la passerelle. A quelques pas derrières suivait Wilson. L'agent ne se posa pas la moindre question. Une détonation retentit et Reid fut projetée vers l'avant par l'impact du projectile. Mais déjà Wilson entamait une action slide afin de recharger son SV-12.
Reid, malgré le trou béant dans le dos, bougeait toujours tandis que Wilson et Miller s'approchaient. Elle se convulsait sur le sol, son sang s'écoulant entre les grilles. Elle avait les yeux révulsés et la bouche béante tandis que quelque chose grouillait et se tortillait sous la chair. Soudain un renflement apparut au niveau de l'épaule et du pus jaunâtre commença à suinter des craquelures de la peau.
- Merde ! hurla Miller. Un truc va sortir de son épaule ! Wilson, ton fusil vite…
Wilson arma son fusil à pompe et le maintint à quelques centimètres du bubon qui commençait à se déchirer. Bang ! L'aboiement de l'arme se répercuta le long du corridor. L'immonde chancre explosa, projetant des humeurs dans toutes les directions. Par chance, Wilson avait été tiré en arrière par l'officier et il n'avait pas été atteint. Il sentit son estomac se nouait puis se révulsait.
- Davis, lance-flammes ! commanda Millers à la pilote qui venait de les rejoindre.
Davis actionna la vanne de son arme et un long jet de promethium engloutit le corps. La puanteur de la chair brulée mêlée à une autre odeur indéfinissable envahit la zone, forçant les trois collègues à s'éloigner.
Le destin de l'ancienne marine Reis est scellé.
Millers se souvint alors du cadavre du néomorphe jugeant nécessaire de le faire disparaître par le feu. Davis s'en chargea immédiatement. Les compagnons retrouvèrent ensuite le doc à l'infirmerie et une discussion animée s'en suivit quant à la fiabilité du vaccin. Flynn concéda que ce dernier n'était probablement pas efficace à 100% mais quelle solution avaient-ils ? Bien que terrifié, chaque membre de l'équipe donna son accord pour une injection. Le vaisseau fut soudain légèrement secoué alors que la voix métallique et monocorde de Père se fit entendre:
- Lancement de la capsule secours réussi.
Suite de la compagnie - Pont B (P21)
Ryes et Clayton courraient en direction de la suite de cette dernière tandis que résonnaient les cris et les bruits de coups de feu. Si une autre créature se trouvait à bord, elle sera attirée bien loin de nous songea Ryes. Arrivée sur place, la mécano découvrit les quartiers de l'agent de la compagnie. Ils étaient très spacieux et devaient constitués autrefois une suite luxe. Aujourd'hui ce n'était plus que coussins arrachés et meubles détruits, sans parler des longues trainées brunâtres visibles sur les murs et le sol.
Ignorant l'état de la pièce, Clayson se rua sur le coffre, enchâssé dans l'une des cloisons. Elle frappa avec assurance le code d'accès. Elle retira du coffre-fort ce que Ryes devina être l'appareil de traitement modulaire ainsi qu'une impressionnante liasse de titres au porteur.
- Une partie de ta prime sourit Clayton. Tu vois je ne t'ai pas menti.
- Je vois répondit Rye en ramassant plusieurs bouteilles d'alcool intact dans le bar. Et la capsule ?
- Elle est juste là indiqua Clayton en se dirigeant vers ce qui ressemblait à une porte de penderie.
De nouveau, l'agent de la compagnie tapa un code et la porte de la "penderie" coulissa doucement. Elle invita Ryes à entrer. La capsule de sauvetage était de taille réduite mais parfaitement conçue et la mécano nota la présence de trois caissons cryogéniques. Elle les ignora et se rendit directement au poste de pilotage. Le temps pressait, les autres pouvant revenir à tout moment. Clayton se glissa dans le siège du pilote délaissé par Ryes. Tandis que cette dernière effectuait le contrôle avant lancement, Clayton s'assura de la programmation de la trajectoire de retour. Il leur faudrait finalement deux mois pour atteindre Archorpoint, mais le signal de détresse émis devrait alerter les vaisseaux croisant dans le secteur bien avant cela. Le code prioritaire de la Weyland-Yutani assurerait d'être secouru avec diligence.
- Ryes, prête à faire fortune ?
- Et comment.
Les regards des deux femmes convergèrent vers le bouton portant l'indication : LANCEMENT.
Les verrous sautèrent. Les moteurs propulsèrent l'engin hors du Chronus tandis que dans les couloirs de l'immense vaisseau Père énonça froidement:
- Lancement de la capsule secours réussi.
Epilogue
Le directeur Wilson se laissa aller dans son fauteuil capitonné de cuir, il but une longue gorgée de café chaud . Tout cela lui paraissait très loin. Ses compagnons et lui avaient finalement survécu et ils avaient ramené le Chronus à la compagnie. Leur survie, il la devait en grande partie à l'androïde de bord Ava que ses compagnons et lui avaient retrouvée dans une salle encore inexplorée. Une fois réparée, elle leur avait fourni de précieuses informations et avait concouru à remettre les moteurs du Chronus en état de marche. Dès lors, Père avait placé le Chronus sur une trajectoire de retour vers la terre.
A l'arrivée, ils avaient tous empoché un joli pactole après avoir signé des contrats de confidentialités qui leur vaudraient 10 fois la prison à vie s'ils se laissaient aller à parler. Chacun avait pris son argent avant de disparaître pour se bâtir une nouvelle vie. Flynn et lui étaient restés, la Weyland leur avait bâti un pont d'or afin qu'ils continuent à s'investir dans le projet, tout comme à cette garce de Clayton qui s'en était aussi sortie.
Un pont d'or … Wilson se leva, le café toujours en main, et se planta devant l'unique fenêtre de son bureau. Il aurait dû faire comme Miller et prendre sa retraite sur Posidonius 24. A l'extérieur la neige tombait drue et on ne voyait rien à dix mètres, pas qu'il ait quelque chose à voir sur Aricarius de toute façon. Fort Nebraska était une vieille station-contrepoids, une plateforme fortifiée dressée au centre d'une colonie pétrolière … un lieu paumé, idéal pour mener à bien le projet. On toqua à la porte.
- Entrez !
La silhouette filiforme de Flynn se découpa dans l'embrasure de la porte. Il tenait sous le bras un lourd dossier.
- Alors, c'est confirmé ?
- Oui. L'ordre d'évacuation a été donné. Les troupes de l'UPP ne tarderont plus maintenant.
- Et la brèche ?
- Confirmée aussi. Meyers s'en occupe.
Wilson reporta son regard sur le rideau de neige qui s'épaississait encore. Dans son dos, Flynn posa le dossier sur le bureau avant de se diriger vers le couloir.
- Flynn, tu sais que nous devons rester.
- Je sais … Flynn hésita … On ne s'en sortira pas une seconde fois. On est maudit Wil. On a ouvert les portes de l'enfer et le diable vient réclamer son dû.
Wilson avala une nouvelle gorgée brulante et laissa Flynn sortir sans un mot. Dans le couloir, les alarmes mugirent.
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