mercredi 21 avril 2021

Cthulhu - Chroniques Oubliées

Le village

Vers l'épisode précédant: le naufrage

Île de Bobsterbay - 3 Octobre 1920

Le père Fishburn
Nous racontâmes par le menu notre naufrage au vieil homme qui nous avait accueillis. Ce dernier nous écouta avec grande attention tout en nous menant jusqu'à la place du village. Il frappa à la porte d'une petite maison, accolée à l'église et y est reçu. Pendant que nous attendions  son retour, des villageois, toujours plus nombreux, sortirent des bâtisses alentours. Bientôt, une centaine d'individus nous observaient dans un silence à la fois étrange et pesant. 

Toutes nos tentatives pour entamer une conversation furent vaines, les villageois semblaient attendre quelque chose. Un homme aux cheveux gris, le sourcil broussailleux, le regard sévère et la carrure d'un bûcheron, sortit sur le perron en compagnie du vieil homme qui nous avez mené jusqu'ici et pris la parole. Il nous souhaita la bienvenue sur l'île de Lobsterbay. Il se présenta comme le père Fishburn, pasteur du village de Cragport. Se tournant vers les villageois, il leur demanda d'accueillir les naufragés que nous étions avec générosité. Il s'engagea à fournir le gîte et le couvert, jusqu'à ce que nous retrouvions des forces et que nous puissions rentrer chez nous. Immédiatement, les villageois se mirent à sourire et s'approchèrent pour nous réconforter et nous proposer leur aide. Ils nous ouvrirent des maisons inhabitées pour nous y installer. Des villageois y firent un peu de ménage, tandis que d'autres apportaient à boire et préparaient de grandes marmites d'eau bouillante pour cuisiner d'énormes homards. Ils s'enquéraient également de notre santé.


Cthulhu's Breath, Vladimir Anikin

Alors que nous prenions nos quartiers, Francesco et moi-même voulûmes savoir quand et comment quitter l'île. Le père Fishburn prit un air désolé et nous annonça qu'un navire venait ravitailler Lobster Bay seulement toutes les trois semaines et le prochain était prévu dans 16 jours. Selon lui, il n'y avait pas d'autre moyen de quitter l'île. Nous arguâmes que plusieurs bateaux mouillés au port. Mais les bateaux de pêche n'étaient pas capables d'affronter la haute mer, ce n'était que de simples barcasses à fond plat conçues pour naviguer parmi les récifs.

Alors que Maryse, John et Francesco prenaient leurs quartier, je partais en quête d'une bouteille de scotch. Mes pas me conduisirent au magasin général. Cette vaste bâtisse, presque un hangar, abritait  une sorte de très grand magasin général. Les étalages débordaient de victuailles et de biens de qualité : légumes frais, farine, salaisons, fruits secs, épices, tissus, costumes et robes, outils et meubles. Le tout s'affiche à des prix incroyablement bas. Je fus accueillis par Rudolph Lobereim le gérant du magasin, un petit homme assez gros et luisant de sueur Je fus particulièrement surpris par l'achalandage du lieu et je m'en ouvrais à Monsieur Lobereim. Ce dernier m'expliqua que les produits sont financés par les recettes de la conserverie de homards qui enrichissait fortement la communauté. Je cachais mon scepticisme et repartais pour mon logement provisoire avec une  petite flasque de whisky. 

A mon retour, l'esprit en ébullition, j'exposais une théorie  à mes compagnons: les membres de cette communauté sont des naufrageurs sacrifiant à un culte païen d'où le sacrifice que j'avais découvert sur la plage mais aussi la richesse du magasin. J'ajoutais que l'absence d'enfants dans la communauté et l'emprise évidente du prêtre n'auguraient rien de bon pour nous. 

Une nouvelle fois Francesco s'opposa à moi au nom d'un pragmatisme surprenant pour un archéologue. Selon lui ces gens étaient certes un peu orignaux mais ils nous avaient bien accueillis. De plus il n'était pas rare que dans les communautés reculés, le pasteur fut la seule autorité reconnue et légitime. Quant à l'absence d'enfant, il ne put l'expliquer. Cependant, il se promit de prendre des nouvelles de la petite Alicia qui avait survécu au naufrage et qu'il avait confiée à la doctoresse Dunstag. Je soupçonnais l'italien d'être autant intéressé par les formes généreuses de la praticienne que la santé de la patiente. 

Malgré mes inquiétudes, je sombrais dans un sommeil sans rêve.


Visite du village Cragport - 4 Octobre 1920

Le lendemain, le temps était radieux. Après une rapide toilette Francesco et moi partîmes visiter les
lieux avec plus d'attention. Nos pas nous conduisirent chez le docteur où l'on nous apprit que nous ne pouvions pas encore voir la jeune Alicia. Cependant on nous assura qu'elle se remettait bien et que son état s'améliorait fortement.

Nous nous rendîmes ensuite au petit port de pêche. Une dizaine de bateaux de pêche et deux petit hors-bords Evinrude étaient amarrés et tanguaient doucement au gré de la faible houle. Ces embarcations de taille modeste et à faible tirant d'eau ne semblaient pas taillées pour affronter la haute mer. Impossible d'espérer quitter l'île avec ces embarcations comme nous l'avait signifié le père Fishburn.

Nous en profitâmes pour demander aux locaux s'ils avaient découverts d'autres naufragés. Ils répondirent pas la négative. Nous nous étonnâmes de voir si peu de bateaux en mer à cette heure. Les pêcheurs nous expliquèrent que ce n'était pas la pleine saison pour la pêche aux homards. 

Nous vînt alors l'idée de rendre visite à la première personne qui nous accueillit sur l'île: le vieux Max. Ce dernier se montra beaucoup plus jovial que les autres habitants, du moins à mon sens. Il nous offrit un alcool de pomme de fabrication maison ainsi que le déjeuner. Durant l'entretien il nous invita à rendre visite à l'un de ses amis: Josh qui habitait sur le promontoire. Cet homme aurait besoin d'un coup de main pour son toit. Là-haut, le vent fait tout s'envoler !  L'invitation était un peu étrange mais nous étions en début d'après-midi. J'étais pour ma part peu enclin à retourner au village, quant à Francesco, il était d'avis qu'une marche lui ferait un bien fou. 

Il fallut presque une demi-heure de rude grimpette pour arriver jusqu'au promontoire rocheux. Là-haut, la lande pelée formait un long plateau bordé de falaises vertigineuses qui surplombaient la mer d'un côté et le village de l'autre. Quelques moutons broutaient l'herbe rase. Plus au Nord, une ferme était adossée à la lisière de la forêt. 


A notre approche, un vieil homme sortit devant la ferme, armé d'un fusil hurlant qu'il ne voulait pas de notre engeance ici et qu'il nous abattrait si nous avancions. Francesco parvint à calmer le fermier en indiquant que nous étions des naufragés et que c'est son ami Max qui nous envoyait pour l'aider dans des réparations.
Le malentendu dissipé, Josh nous invita à entrer et à boire un canon. Il était à l'évidence toujours méfiant, cependant il nous apprit des choses intéressantes.

Rapidement, il nous mit en garde, nous invitant à suivre son conseil: quitter cette île maudite ! Il ajouta qu'ils ne l'auraient pas en vie, et qu'ils auraient une sacrée surprise si ils montaient jusqu'ici.  Un peu à l'écart de sa demeure, il nous conduisit à un hangar. Là, il souleva une bâche et dévoila plusieurs caisses venant d'une vieille mine. Elles contenaient de la dynamite, tout un stock d'explosif. Mais, plus intéressant encore, un énorme avion trônait dans le hangar.

Voilà qui posait de nombreuses questions. Nous commençâmes par revenir sur le stock d'explosif et cette histoire de mine. Josh nous expliqua qu'à l'origine les habitants travaillaient dans une mine. Mais celle-ci fut fermée pour des raisons que le vieil homme ne put expliciter clairement. Il nous précisa cependant que ce qui se trouvait dans la mine avait empoisonné la population les privant de descendance. Cela éclairait sous un jour nouveau l'absence d'enfant dans cette étrange communauté. 
Je profitais de l'occasion pour évoquer l'horrible cadavre sur la plage. Josh nous lança un sombre regard mais refusa de répondre à mes questions sur le sujet. Il était clair qu'il disposait d'information qu'il refusait encore de nous dévoiler. Il refusa aussi de préciser les raisons pour lesquelles il était déterminé à faire exploser les habitants du village s'ils s'approchaient.

Nous changeâmes de sujet et parlâmes alors de l'avion. Josh nous indiqua qu'un aviateur de l'aéropostale de New-York s'était posé en catastrophe sur le promontoire l'an dernier. Josh l'avait aidé à réparer, mais il manquait des pièces pour le moteur. Il était alors reparti en bateau, mais n'était jamais revenu.  Josh  eut alors une réflexion qui ne fit que confirmer mes inquiétudes. Il cracha par terre. et injuria Fishburn, le traitant de pourriture. Selon lui, le pilote n'avait jamais atteint sa destination. Depuis, le zingue dormait là.

Francesco, désormais complétement saoul (Il avait abusé du tord-boyau de Josh) et moi-même décidèrent de prendre congé. En fait, Josh semblait craindre d'avoir trop parlé et nous fit comprendre que nous devions partir.

Sur le chemin du retour, nous convinrent de revenir avec Maryse afin qu'elle examine l'avion et voit s'il était possible de le remettre en état. J'étais d'avis de fuir au plus vite ce lieu maudit mais l'italien continuait d'accorder le bénéfice du doute aux habitants….

A qui l'avenir donnerait-il raison ?

Suite et fin : Rituels impis

4 commentaires:

  1. La bonne rencontre compagnons investigateurs.
    Au vu des évènements, je pense que plusieurs pistes s'offrent à nous.
    - L'avion que Maryse doit essayer de réparer
    - La mine qui semble être à l'origine de la transformation de la communauté
    - Sortir du village afin de voir s'il n'y a pas d'autres survivants. Peut être retourné sur le lieu du sacrifice afin que Francesco cesse de me prendre pour un psychopate.
    - Jeter un coup d'œil à l'église puisque Fishburn n'a pas l'air net.
    - Se renseigner sur Alicia qu'on nous empêche de voir.


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  2. je ne comprends pas votre attitude négatif envers les charmants habitants de Gragport ???
    ils vous ont soignés, recueillis, nourris et logés !!
    je suis désappointer .....

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    1. Tu n'es qu'un vil adepte des cultes obscurs ! Ceux sont des païens.

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  3. Je reviens mon Bon Maître, ces gens sont certes un tantinet étrange, mais tout de m^me.
    Pour ma part ma prio est de prendre des nouvelles d'Alicia

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