Le tranchant des ténèbres: chapitres finaux
Les indices accumulés sont nombreux |
« Accord » Luntz, chef narcotruand |
Ismhaël fut donc introduit auprès de Luntz qui se révéla être un être déjanté, exubérant et farfelu. Le trafiquant accueillit Ismhaël allongé sur un sofa revêtu d'une tenue mauve, largement ouverte sur la poitrine, un verre d'alcool dans une main et un bolter dans l'autre. L'homme se révèla cependant plus fin que son attitude ne le laissait croire et la discussion qui s'en suivit fut très instructive pour Ismhaël et ses compagnons. Persuadé que les acolytes étaient des mercenaires, Luntz avait dans l'idée de les engager pour tuer le Chirurgien dans l’hospice.
- Le Chirurgien ? s'enquit Ismhaël car c'était la première fois que ce personnage était mentionné.
- Le Chirurgien est celui qui a la tête de toute l'affaire et c'est surement lui qui a fait disparaître le débiteur de votre patron. C'est donc lui que vous cherchez.
- Qu'est ce que vous gagnez dans l'affaire ?
- Disons que les substances qu'il a fournit à mon humble commerce m'ont permis de dégager de gros profits. Mais les disparitions, c'est mauvais pour les affaires. Mon activité pâtit de la rumeur insistant sur le fait que Coscarla n’est pas le bon endroit pour faire des affaires.
- Je comprends, mais vous avez des hommes et des armes…
- Le Chirurgien représente une menace bien supérieure à celles auxquelles mes hommes sont habitués à faire face et, avec les tueurs du directeur Moran se faisant passer pour des agents des forces de l’ordre … Je suis lucide et je sais que ma bande est surclassée en nombre et en puissance de feu.
- Un accord est donc possible. Comme vous l'avez compris, le chirurgien s'en est pris à quelqu'un qui devait beaucoup à notre employeur. Il va donc devoir payer l'adition.
- Qu'attendez-vous de moi ?
- C'est assez simple: arrangez vous pour « occuper » les agents des forces de l’ordre par quelque diversion à l'autre bout du secteur. Pendant ce temps, mes hommes et moi, nous ferons le ménage.
- Les agents des forces de l’ordre sont de vrais professionnels, mais on devrait pouvoir les attirer loin de l'hospice quelques temps. Par contre vous aurez à faire au chirurgien… Je ne l'ai vu qu'une fois mais, par l'Empereur, je ne souhaite pas revivre cela.
- Nous avons donc un deal. Faites nous servir à boire et voyons les détails entre gens de bonne compagnie.
***
- A nous de jouer les gars souffla Ismhaël
- Un de moins fanfaronna Pocus. Vous avez vu comment je l'ai séché ce con ? Ca c'est un tir parfait !
- Putain de merde ! C'était pas sensé se passer comme ça hurla Labienus choqué par l'action de son compagnon.
- C'était un pourri et on fait pas dans le sentiment aujourd'hui ricana Norton en gravissant les marches
- Ce qui est fait est fait Labienus ! pas le temps de discuter, on fonce !
L'assaut du repaire peut commencer. |
Fendant la foule paniquée, les acolytes s'engouffrèrent dans le bâtiment et gravirent l'escalier central du hall. Ils débouchèrent sur le vestibule du premier étage dont la plus grande partie des espaces étaient, semblait-il, dédiée à des bureaux. Ismhaël fit signe d'ignorer les lieux et indiqua à Norton une porte ouvrant sur un nouvel escalier. Le squat prit la tête du groupe et poussa vers l'avant. Après avoir franchi un palier intermédiaire, le nain atteignit le second étage.
Deux blocs medicae dominaient l'espace dans lequel Norton pénétra avec précaution. Des rideaux de rubans plastiques semi-transparents pendaient à l’entrée des deux blocs. La lumière provenant des plafonniers vacillait et palpitait doucement, comme si sa source d’énergie était pompée ailleurs. Sur l'un des murs, une porte blindée blanche avait été installée récemment, la porte précédente gisant non loin sur le sol.
- Elle est verrouillée mais fais gaffe mon gars souffla Norton, elle est glaciale.
- Bizarre ça. Comment on va pouvoir passer ce truc. Tu as remarqué, elle comporte aucun signe distinctif hormis les deux entailles métalliques en diagonal à hauteur de la taille.
- Il doit falloir une clef d'accès encodée. J'suis sût que le directeur devait l'avoir sur lui. On est vraiment con de pas l'avoir fouillé avant de nous précipiter ici !
- Et d'où vient ce froid à ton avis ?
- Salle réfrigérée ?
Ils en étaient à ces réflexions lorsque, dans un chuintement mécanique, la porte coulissa lentement révélant les sinistres silhouettes de gardiens voleurs de corps. Si les créatures décérébrées restaient écœurantes en raison de leur chair cireuse palpitante et leurs articulations renforcées de métal, elles n'engendraient plus la peur et les acolytes leur firent rapidement savoir.
Les voleurs de corps, bien que moins effrayants, restent des adversaires coriaces. |
- On reprend la progression ! ordonna Ismhaël sans laisser le temps à ses compagnons de reprendre leur souffle.
- Ce serra plus simple avec ça, chef ! cracha Labienus en lançant un authentificateur arraché de la ceinture d'un des mutants.
Puis se détournant, Labienus se tint un instant devant la porte désignée puis glissa un second authentificateur dans la fente prévue à cet effet. Le mécanisme de verrouillage cliqueta, et sur une mélodie de quelques notes, la porte glissa le long de son rail. Une lumière verte malsaine se déversa alors dans le couloir et Labienus découvrit une salle dont les murs accueillait d’étranges caissons suspendus. Le centre de la zone était dominé quant à lui par une unique et large cuve transparente, remplie d’un fluide clair dans lequel flottait une grande masse blanchâtre. Une mer de câbles reliait les cuves à un cogitateur ainsi qu'au réseau énergétique.
- Salle sécurisée mon gars ! Je vais rejoindre les autres indiqua Norton
- Ok. Quant à moi je vais fouiner un peu et discuter avec l'esprit de la machine.
Labienus accumule les preuves à charge dans la salle des cuves. |
La porte glissa une nouvelle fois sur ses rails laissant seul Labienus. Le copiste poussa un profond soupir afin de chasser la tension puis il se mit au travail. Activant l'enregistreur, il détailla ce qu'il avait devant lui. Plusieurs des cuves murales étaient vides mais quelques une contenaient encore des voleurs de corps en stase. A l'évidence, ils y étaient placés entre leurs missions. Après un rapide calcul, le scribe déduisit que quatre horreurs étaient encore en liberté ce qui lui arracha un nouveau frisson. Dans la cuve centrale flottait un spécimen de la bioconstruction identique à celui que l'interrogateur Sand leur avait présenté lors du briefing. C'était une sorte d'appendice blanchâtre composé de tentacules translucides en mouvement, mais là ou le précédent ne mesurait que dix centimètres, celui-ci en faisait cinquante. Quelle horreur était-ce là ? Se détournant, il se dirigea vers le cogitateur et s'empara des rouleaux de données que la machine crachait. Combien de temps resta t-il à étudier les courbes, chiffres et autres informations qui se dévoilaient à ses yeux, il n'aurait pu le dire mais il fut arraché à son office par le hurlement strident d'une alarme et l'appel désespéré d'Ismahaël sur le comlink.
* * *
Lorsque Norton retourna dans le couloir, il fut surpris de voir qu'Ismhaël et Pocus n'avaient pas encore progressé. En fait, Pocus avait pris le temps de recharger son PM tandis qu'Ismhaël engageait une nouvelle charge dans son canon de poing.
- On se bouge les zhoms ?
- Passe devant invita Ismhaël en glissant l'authentificateur dans la fente d'accès.
- Pas de souci rétorqua le nain joignant le geste à la parole.
Au-delà de la porte blindée pressurisée se trouvait le domaine de l'Ennemi, le marionnettiste en chef de toute cette macabre affaire. Norton, suivi de près par Pocus, découvrit une grande pièce constituée de murs de séparation à moitié renversés et scellés grossièrement avec des plaques de métal et du ruban adhésif obstruant toutes les fenêtres et autres accès.
La salle était glaciale et une lourde brume de vapeur rampait sur le sol. Les murs étaient couverts d’un enchevêtrement de machines sifflantes et cliquetantes, illuminées par des arcs d’énergie, de râteliers de cuves bouillonnantes d’échantillons, de creusets, d’éprouvettes et autres équipements de laboratoire.
Au-dessus de lui se tenait une silhouette incroyablement imposante et longue, drapée de robes rouges relevées d’un motif de roues dentelées. Il ne pouvait s’agir que de l’architecte et maître de cette chambre des horreurs. Semblant surgir de son dos, une lourde masse de métal poli entourée de douzaines de membres mécaniques agités de mouvements convulsifs, s’affairait telle une araignée obscène. La tête encapuchonnée se tourna vers Poccus et, alors que la lumière esquissait progressivement ses traits. Le prêtre put apercevoir les reliques d’un visage féminin suturé sur un crâne de fer. Des lentilles rougeoyantes incrustées dans le visage mort de la femme se fixaient sur lui et une voix artificielle grinçante lança :
- Pauvre viande démente ! En venant ici vous avez simplement hâté la moisson de votre chair indigne !
Les acolytes atteignent l'antre du Mal. |
La confrontation était inévitable et Norton épaula son fusil laser. Mais alors qu'il s'apprêtait à appuyer sur la gâchette, de nouveaux adversaires entrèrent dans son champ de vision à quelques mètres seulement de son compagnon et lui. Deux biohomoncules à la chair cancéreuse, aux yeux voilés de blanc par la cataracte et aux corps émaciés, percés de tuyaux gargouillant et d’injecteurs chimiques s'avancèrent d'un pas pesant mais déterminé vers les acolytes. Si la vision de telles créatures créées par une science interdite à partir d’organes humains était horrifique, le bruit des tronçonneuses dont ils étaient armés incita les deux agents à ne pas leur tourner le dos. Par simple réflexe de survie, le squat réorienta son tir et déclencha le feu sur la première des deux horreurs carbonisant la chair. Pocus arrosa le seconde d'une rafale de PM mais la plupart des tirs se perdirent dans les ténèbres.
Le rire de chirurgienne explosa dans la pièce :
- Vous allez tous mourir ici, quant à moi je reprendrai mon travail et apporterai à l'humanité une lueur d'éternité loin des faiblesses de la chair !
Joignant le geste à la parole, elle se pencha sur l'un des cogitateurs et commença à entrer une série de commandes. Le « familier scalpel » choisit cet instant pour se désolidariser de sa maîtresse et glisser au sol. Séparé du dos de la Chirurgienne, il évoquait une créature arachnéenne faite de métal poli et doté de nombreux membres métalliques très fins, la plupart s’achevant par des forets, aiguilles ou lames. Il possédait un crâne humain rabaissé équipé de crocs hypodermiques suppurants et de lentilles à facettes en guise d’yeux. Mû par quelque esprit de la machine corrompu, il s'élança vers Pocus en poussant de dérangeant cris d'une voix d'enfant.
Ismhaël avait conscience de la situation critique dans laquelle le groupe se trouvait. Il fallait stopper ces monstres avant de pouvoir atteindre leur maître. Les trois acolytes tirèrent des rafales qui faisaient tressauter les corps et jaillir des fluides tant humain que biosynthétique dans la pièce. Hélas un unique biohomocule s'effondra, le second abattit sa tronçonneuse sur Pocus Le scribe hurla lorsque la lame mordit profondément ses chairs. Il avait conscience du sang qui coulait de son bras mais il se concentra avec l'énergie du désespoir sur le familier scalpel en approche, son univers s'était réduit à cette unique créature bardée d'aiguilles suintant de liquide promettant une damnation éternelle. Avec l'énergie du désespoir, il vida son chargeur sur sa cible…
Les serviteurs tentent d'arrêter les acolytes. |
- Danger! Les générateurs seront surchargés dans neuf minutes et quarante trois secondes! Tout le personnel doit évacuer!
- Fall back ! hurla Ismhaël en écho
Labienus n'eut que quelques secondes pour embrasser du regard la scène apocalyptique qui s'offrait à lui avant que Norton ne le poussa vers la sortie. Il vit Pocus éviter une lame tronçonneuse et s'élancer vers lui, enjambant la carcasse fumante d'un genre de servocrâne, son adversaire réagissant avec lenteur devant cette fuite. Il avisa aussi les machines, la table d'opération avec son hôte mais surtout il aperçut l'immense silhouette d'un technoprêtre fuir par la cage d’ascenseur, un système levmag intégré lui permettant de s’échapper rapidement et en toute sécurité aux griffes de l'inquisition.
- Danger! Les générateurs seront surchargés dans huit minutes et cinquante neuf secondes! Tout le personnel doit évacuer!
Vue d'ensemble du repaire de la Chirurgienne. |
le salut est dans la fuite. |
Conclusion
Les nettoyeurs débarquent à Corscarla. |
- Je suis certain que nous pourrons trouver quelque tâche à la hauteur de vos talents. Maintenant que j’y pense, ça me revient… un boulot sans risque hors de ce monde, un voyage de tout repos où rien ne viendra troubler votre quiétude…
Références
- Dark Heresy 1ere Edition, Dan Abnett, Gary Astleford, Owen Barnes, Alan Bligh, Ben Counter, Kate Flack, John French, Guy Haley, Andy Hall, Tim Huckleberry, Andrew Kenrick, Mark Latham, T.S. Luikart, Mike Mason, Chris PramasBiographie, Richard 'Rick' Priestley - Bibliothèque Interdite (2008), ISBN : 978-2-9-1598992-2
- Illustration: auteur inconnu , elle sera retirée sur simple demande.
- Carte: Darius Hinks, Andy Law & Mark Raynor, Dark Heresy 1ere Edition p 286-287)
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Excellent, c'est un vrai plaisir de lire ces compte-rendus de mission.
RépondreSupprimerLa bonne rencontre,
RépondreSupprimerMerci beaucoup. Cela fait plaisir d'avoir un commentaire positif.