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mercredi 4 septembre 2024

L'appel de Cthulhu - Aux portes des Ténèbres 02

 L'ombre sous la colline - Séance 2

Seuil vers L'Ombre sous la Colline - Séance 1

Où nous retrouvons les investigateurs perdu dans les ruines d'une ancienne civilisation sous la ville de providence.

***

Les investigateurs, le cœur battant à tout rompre, avaient fui la salle musicale, leurs pas résonnant dans les sombres corridors. La mélodie étrange continuait de les hanter, se mêlant à l'écho de leurs respirations haletantes. Frère O'Malley priait à mi-voix, ses mots se perdant dans l'obscurité tandis qu'ils remontaient le labyrinthe, guidés par une peur viscérale.

Ils parvinrent enfin au couloir des fresques préhistoriques, ces visions de mondes oubliés semblant soudain bien moins menaçantes que l'horreur qu'ils venaient de laisser derrière eux. Les yeux de Charlotte glissaient sans les voir sur les sculptures d'hommes-serpents et de dinosaures, alors que l'esprit de Tina semblait perdu, hanté par l'étrange musique et les événements récents.

Enfin, ils atteignirent le pied de l'à-pic où ils avaient laissé la corde, leur seule issue vers la surface et la lumière.

Le groupe d'investigateurs doit quitter le plus vite possible la chambre musicale !

En atteignant le pied de l'à-pic, ils furent frappés par un détail glaçant : la corde qu'ils avaient laissée pendue pour leur ascension avait disparu. Frère O'Malley, tenant fermement sa lampe, balaya l'obscurité du faisceau tremblant, espérant contre toute raison que la corde serait simplement tombée. Mais ce qu'ils découvrirent fut bien plus sinistre.

Autour de l'endroit où la corde aurait dû être, des empreintes griffues étaient imprimées dans la poussière. Elles évoquaient sans équivoque celles de la créature qui les avait attaqués dans la salle de l'harmonium. Les griffes avaient creusé le sol, laissant des marques profondes et menaçantes.

Frère O'Malley se redressa lentement, l'air sombre. "Ce monstre nous a suivis ! " murmura-t-il, sa voix résonnant comme un funeste présage. Son regard remonta lentement vers le sommet de l'à-pic, où la lumière de sa lampe vacillante dévoila brièvement une silhouette sombre.

Les investigateurs se figèrent, le souffle coupé. La créature se tenait là, à peine visible dans l'obscurité, mais suffisamment pour qu'ils comprennent que leur retraite était coupée. Un silence lourd s'installa, brisé uniquement par le lointain écho de la sinistre mélodie qui résonnait encore dans les profondeurs du tunnel.

Charlotte serra les poings, son arme prête, tandis que Tina, les yeux écarquillés, cherchait désespérément une autre issue. Nadia, le cœur battant à tout rompre, recula lentement, le visage blême. Frère O'Malley, la mâchoire serrée, éleva une prière muette, conscient que la moindre erreur pourrait leur coûter la vie.


Mise en place de la partie


Après un bref conciliabule, les investigateurs décidèrent qu'il était suicidaire de tenter d'escalader la paroi sous l'œil avide de la créature. Aucune des personnes présentes ne se sentait de taille à affronter la goule qui les guettait dans les ténèbres. Leurs regards se croisèrent, lourds de tension et de peur, avant que Tina, toujours tremblante après sa récente crise, ne prenne la parole.

"Il faut trouver un autre chemin," murmura-t-elle, sa voix teintée de désespoir mais résolue.

Frère O'Malley hocha la tête, approuvant silencieusement. Ils n'avaient pas le choix. La créature bloquait leur retraite, et tenter de l'affronter ici, dans cette situation désavantageuse, serait une folie.

Charlotte, nerveuse mais déterminée, balaya la zone avec sa lampe, cherchant encore une échappatoire qui leur permettrait de fuir cet enfer souterrain. Nadia jeta un dernier regard vers la silhouette sinistre au sommet, avant de tourner les talons. Elle savait qu'ils devaient partir, et vite.

Sans un mot de plus, ils rebroussèrent chemin, se glissant furtivement dans les corridors obscurs, espérant trouver une issue avant que la goule ne les rattrape.


***


De retour dans le plus grand des couloirs, tous se figèrent, le sang glacé par l’horreur qui se dévoilait devant eux. Le chemin, qui quelques instants auparavant semblait leur unique espoir de fuite, était désormais obstrué par une horde de créatures humanoïdes. Leur apparence évoquait celle de singes livides, mais avec un front fuyant, de grands yeux globuleux, des mâchoires proéminentes en forme de museau, et des bras anormalement longs. Les créatures trottinaient ou avançaient d'un pas hésitant, remplissant l'air de leurs grognements et chuchotements inintelligibles.

Les deux groupes se firent face, chacun pétrifié par la vision de l’autre. À la lumière vacillante des lampes, les créatures dévoilèrent leur véritable nature. Charlotte, les mains tremblantes, reconnaissait avec une terreur croissante les traits humains déformés de ces êtres. Elle murmura d'une voix à peine audible, ses mots chargés d’une certitude morbide : "Ce sont des descendants… des esclaves capturés il y a plus d’un siècle… et leurs ravisseurs. Le produit de générations de consanguinité et de conditions infernales…"

L’archéologue, déjà fragilisée par les précédents événements, sentit sa raison vaciller dangereusement. Frère O'Malley, observant son état, tenta de l’apaiser d’un regard protecteur, mais lui-même était dépassé par l’ampleur de l’horreur qui se déroulait devant eux. Olivia, en revanche, se trouva fascinée par la scène qui s'offrait à ses yeux. Dans un élan de professionnalisme morbide, elle prépara son appareil photo pour immortaliser ce moment inouï.


C'est alors que Tina, son esprit définitivement brisé par les atrocités vécues, s’avança vers les créatures en fredonnant un air de Charleston, gloussant comme si elle se trouvait dans une soirée mondaine. Son comportement incohérent prit une tournure macabre lorsqu'elle commença à aguicher les mâles monstrueux, qui, à la grande horreur de Frère O'Malley, réagirent à ses avances. Le dominant s’approcha, ses intentions claires, mais un jeune mâle, refusant de céder sa place, se jeta sur Tina et arracha sa robe dans un geste brutal.

Frère O'Malley, éberlué et totalement désemparé, se retrouvait incapable d’agir, tiraillé entre la nécessité de protéger ses compagnons et l’horreur de la scène qui se déroulait sous ses yeux. L'incapacité à choisir une action le paralysa, tandis que Charlotte hurla que ces monstres devaient être exterminés. La détonation de son revolver retentit soudain, déchirant le silence oppressant de la caverne.

Simultanément, Tina reprit ses esprits et se mit à hurler de terreur, réalisant la nature de ceux qu’elle avait inconsciemment tenté de séduire. Olivia, fidèle à son instinct de journaliste, déclencha son appareil dans un flash éblouissant qui immortalisa l’horreur de la scène. L’effet combiné du coup de feu, des cris, et du flash provoqua une panique totale chez les créatures qui se dispersèrent en tous sens, une d’entre elles s’effondrant, blessée à mort par la balle de Charlotte.




Dans le chaos qui s’ensuivit, les investigateurs se retrouvèrent seuls, l'écho de leurs propres cris résonnant contre les parois humides du couloir, avec pour seule compagnie le cadavre et la terreur qui ne cessait de grandir.

Frère O'Malley comprit qu'ils n'auraient peut-être pas d'autre chance de s'en sortir vivants. Mais avant toute autre action, il retira sa veste d'un geste rapide et la jeta sur les épaules tremblantes de Tina, tentant de dissimuler sa nudité et de lui rendre un semblant de dignité. Tandis qu'il murmurait quelques paroles de réconfort, il jeta un regard inquiet en direction d'Olivia, qui, après avoir soigneusement rangé son appareil dans sa sacoche, se tourna vers Charlotte. Celle-ci affichait un sourire sauvage, ses yeux brillants de folie fixés sur le corps inerte de la créature qu'elle venait d'abattre. Nadia, quant à elle, se tenait tremblante au côté de l'archéologue, son pistolet inutilisé à la main. 

"On ne peut pas rester là," murmura le religieux, sa voix grave trahissant une tension à peine contenue. "Le temps presse, et notre seule option désormais est de nous enfoncer encore plus dans les ténèbres, à la recherche d'un passage qui pourrait nous mener à la surface." Il marqua une pause, ses yeux se tournant vers le plafond invisible de la caverne, puis ajouta d'une voix empreinte de foi désespérée : "Nous sommes dans la main de Dieu."


***

Les ténèbres devant eux semblaient s'étirer à l'infini mais l'idée de rester sur place, entourés par ces créatures et les restes de leur congénère, était tout simplement impensable. Le groupe se resserra, leurs pas hésitants et leurs cœurs battant à l'unisson, alors qu'ils se préparaient à affronter ce qui les attendait dans les profondeurs insondables de la terre.

Ils passèrent rapidement devant les terriers sombres où les humanoïdes s'étaient réfugiés, jetant des regards furtifs aux formes tapies dans les ombres. La lumière des torches vacillantes se reflétait parfois sur des yeux monstrueux, observant silencieusement leur passage. Frère O'Malley était persuadé que l'un de ces sinistres terriers devait être relié à la surface, ou à tout le moins au réseau des égouts de Providence. Cependant, il savait que ses compagnes n'étaient pas en état d'affronter une nouvelle fois ces créatures bestiales. Aussi, guidait-il le groupe plus profondément dans les catacombes pré-diluviennes, les éloignant de ces repaires menaçants.

Ils parcoururent les couloirs interminables pendant ce qui leur sembla être des heures, les murs suintants et les plafonds bas étouffant leur souffle. Bientôt, ils ne disposèrent plus que d'une unique lampe torche, sa lueur vacillante luttant contre l'obscurité. Ce fut à cet instant critique que Frère O'Malley, le visage grave, sortit de son sac une vieille mais puissante lanterne à capuchon. La lumière vive perça les ténèbres, dévoilant des détails inquiétants des parois rocheuses, et la marche reprit, plus assurée.

Bien qu'il fût difficile de s'orienter dans ce dédale de pierre, Tina, encore secouée par son traumatisme, parvint à reprendre suffisamment ses esprits pour évaluer leur situation. Son expérience en spéléologie se révéla précieuse ; après avoir observé l'inclinaison des parois et l'humidité croissante du sol, elle affirma d'une voix tremblante mais résolue qu'ils se dirigeaient vers le fleuve. Le groupe, épuisé mais déterminé, continua d'avancer, l'espoir ténu qu'ils étaient enfin sur la bonne voie s'accrochant à leurs cœurs comme une lueur dans l'obscurité sans fin.

***

Le bruit de l'eau se fit entendre quelques minutes plus tard, un murmure lointain qui venait corroborer l'affirmation de Tina. Le son rassurant d'un cours d'eau, signe de vie et d'espoir, provenait cependant d'un tunnel secondaire, sombre et étroit, qui bifurquait à gauche. Malgré l'attirance naturelle vers cette source potentielle de salut, personne ne voulut se détourner de ce qui semblait être l'artère principale du dédale, le seul chemin qui pourrait peut-être les ramener à la surface.

Charlotte, l’esprit encore troublé par les récentes horreurs, suggéra timidement de s’arrêter pour étancher leur soif si l’eau était accessible. Mais sa proposition se heurta à un silence unanime. Personne ne voulait prendre le risque de s'aventurer dans un passage inconnu, aussi tentant soit-il. Le groupe, épuisé et nerveux, était trop concentré sur l’idée de s’échapper pour considérer une telle option.

L'eau que les investigateurs avaient entendue alimentait le "jardin" des dégénérés

Profitant de cet instant d’échange, Frère O'Malley se tourna vers les jeunes femmes et, d’une voix basse et grave, leur confia une inquiétude qui le rongeait depuis un moment. Il leur révéla qu’il pensait que le groupe était suivi. À plusieurs reprises, il avait perçu des échos étranges, comme le bruit d’un piétinement léger mais régulier, résonnant non loin derrière eux. Ses mots firent frissonner le petit groupe, ajoutant une nouvelle couche d’angoisse à leur périple déjà terrifiant. Le silence qui suivit fut lourd, chacun tendant l’oreille, espérant – ou redoutant – entendre ce que le prêtre avait capté.

Cric, cric. Le bruit sinistre de griffes raclant le sol rocheux résonna derrière eux, se mêlant au martèlement de leurs cœurs affolés. Le son, d'abord léger et distant, semblait se rapprocher, se faisant de plus en plus distinct à chaque pas. Un frisson glacial parcourut l'échine de chaque membre du groupe. Le danger était palpable, tout près, trop près.

Terrorisés mais refusant de céder à la panique, ils échangèrent un regard entendu. Sans un mot, ils s’élancèrent vers l’avant, leurs pas se faisant plus rapides, plus urgents, mais sans pour autant se transformer en une course désespérée.

***

Le chemin qu'ils suivaient finit par se diviser en deux passages strictement identiques, plongeant le groupe dans une hésitation lourde de conséquences. Les deux corridors, semblaient identiques, chacun s'étirant vers l'inconnu avec une promesse voilée de terreurs supplémentaires.

Après un bref échange de regards inquiets, sans parole mais chargé de tension, ils choisirent le passage de gauche. Ils ignoraient alors que, s'ils avaient pris à droite, ils auraient été conduits directement dans le temple de Yig, un lieu de cultes anciens et de rituels impies, où les secrets des hommes-serpents auraient pu révéler une vérité bien plus terrifiante encore.

Le temple de Yig va t-il redevenir un lieu de puissance ?

Leur décision prise, ils s'engagèrent dans le passage de gauche, avançant dans les ténèbres, sans se douter que chaque pas les éloignait d'une destination qui, bien que menaçante, aurait pu leur offrir une compréhension inédite de l'horreur qui les entourait.

***

Le groupe avança prudemment mais après quelques dizaines de mètres, le couloir se scinda de nouveau en deux passages. Cette fois, une douce lueur émanait du couloir de droite, perçant légèrement l'obscurité. La lumière, bien que faible, semblait promettre sécurité et répit tant attendu. Charlotte, Nadia et Olivia laissèrent échapper un soupir de soulagement, croyant voir enfin la fin de ce cauchemar. Frère O'Malley, lui, pria en silence, mais une sombre intuition lui soufflait que ce répit était illusoire.

Alors que le groupe se tenait là hésitant, Tina, l'esprit déjà brisé par les horreurs rencontrées, craqua. Ses yeux s'illuminèrent de folie, et, d'une voix perçante, elle hurla : "Josh ! Josh ! Nous sommes là ! C'est Tina ! Nous allons te sauver, mon chéri !" Elle se précipita vers la lumière comme un papillon attiré par une flamme fatale. Mais avant qu'elle ne puisse s'élancer, Frère O'Malley, mû par une force désespérée, parvint à saisir son bras, la retenant in extremis.

Le cri de Tina résonna dans les tunnels, son écho s'étirant dans les ténèbres, jusqu'à ce que soudain, la lueur vacillante qui leur offrait un semblant d'espoir s'éteigne brusquement, comme soufflée par une main invisible. Le passage fut plongé dans une obscurité totale.

Cric, cric. Le bruit sinistre de griffes raclant le sol rocheux résonna de nouveau, mais cette fois, il était terriblement proche. Les investigateurs pouvaient presque sentir le souffle glacial de la créature.

***

Le son d'un gong profond résonna dans les ténèbres, étouffant le bruit des griffes qui continuaient à érafler le sol derrière eux. Ce ton lugubre semblait annoncer l'entrée en scène du dramatis personnae de cette expédition cauchemardesque. Frère O'Malley, les nerfs à vif, tourna le faisceau de sa lanterne vers le couloir désormais obscur. La lumière accrocha les silhouettes grotesques de deux hominidés, mais ce n'était pas eux qui captivaient l'attention des investigateurs.

Derrière ces créatures primitives se tenait l'incarnation même de la terreur : un humanoïde colossal, avoisinant les deux mètres de haut. Ce monstre arborait un long tabard beige et une courte cape turquoise, ornée d'un collier précieux qui pendait autour de son cou comme un symbole de pouvoir ancestral. Mais ce qui faisait véritablement frémir était le visage de la créature. Là où un visage humain aurait dû se trouver se dressait une tête de cobra royal, majestueuse et terrifiante. Ses écailles étincelaient d'une lueur sinistre à la lueur vacillante de la lanterne, et ses yeux, perçants et impitoyables, fixaient les investigateurs avec une intelligence froide et malveillante.

Une odeur nauséabonde de charogne enveloppa alors le groupe, rendant l'atmosphère encore plus suffocante. Le ghast, cette créature abjecte qu'ils avaient déjà affrontée, émergea du couloir sombre, révélant qu'il avait traqué les investigateurs tout ce temps. L'instant sembla suspendu, comme si le temps lui-même retenait son souffle. Puis, soudain, tout bascula dans un chaos inouï.

***

Rongée par une rage incontrôlable, Charlotte se laissa emporter dans un déchaînement de violence. Elle vida son arme sur le premier des hominidés, hurlant des injures insensées. Tina, dans une tentative désespérée de la calmer, n'obtint en réponse qu'une explosion de colère. Charlotte, démente, lui fracassa le nez d'un coup violent en l'insultant furieusement. Tina, désormais poussée à bout, ceintura Charlotte et la projeta au sol avant de prendre la fuite, terrifiée, par le couloir non exploré, abandonnant ses compagnons à leur sort. Oliva s'élança sur ses talons. 

Nadia, paralysée par la terreur, ne pouvait que regarder, impuissante, tandis que Charlotte, toujours au sol, s'acharnait sur le second hominidé qui s'était imprudemment approché. Elle lui mordit le mollet avec une telle férocité qu'elle en arracha un morceau de chair épais, ses cris de folie résonnant dans les ténèbres. L'autrice, désormais à bout de nerfs, se décida enfin à agir et tira à son tour, blessant la créature au moment où elle s'apprêtait à riposter.




Frère O'Malley, résolu à affronter la menace, se jeta sur le ghast. Dans un acte désespéré, il brisa sa lanterne sur le crâne du monstre, répandant l'huile enflammée sur son corps putride. La bête hurla de douleur avant de s'enfuir, enveloppée de flammes, ses cris perçant l'obscurité.

L'homme-serpent, resté immobile jusque-là, fit alors preuve de ses pouvoirs terrifiants. Ses yeux fixèrent Nadia, la plongeant dans des visions cauchemardesques du culte de Yig. Mais la jeune femme, avec une volonté de fer, parvint à repousser cette intrusion mentale. Charlotte, toujours au sol, ne relâcha pas son emprise sur son adversaire. Dans un dernier acte de sauvagerie, elle le fit tomber à terre et lui fracassa le crâne, hurlant de folie.

Ce fut trop pour Nadia. Son esprit, déjà ébranlé, céda enfin, et elle prit la fuite à son tour, emportée par une panique irrépressible. Frère O'Malley, désormais libre de l'horreur du ghast, refusa d'abandonner Charlotte. Il dégaina un pistolet, qu'il avait jusqu'alors gardé caché, et le pointa sur le sorcier homme-serpent. Avec un sang-froid étonnant, il releva Charlotte, maintenant plus calme après la mise à mort du dégénéré.

Entraînant l'archéologue, il recula prudemment dans le corridor emprunté par Tina, le cœur battant. Mais alors qu'ils s'éloignaient, un nouveau ghast apparut dans la lumière vacillante de l'huile répandue au sol et qui finissait de se consumer, ajoutant une nouvelle menace à une liste déjà bien trop longue.

***

Après sa fuite précipitée, Tina n'était pas allée bien loin. Le passage qu'elle avait choisi l'avait conduite à une vaste salle souterraine, où elle s'était arrêtée, à bout de souffle et l'esprit encore en proie à la panique. Olivia, qui avait suivi la direction qu'avait empruntée sa compagne, la rejoignit quelques instants plus tard, guidée par la lumière tremblotante de l'unique lampe torche que Tina tenait fermement.



Le faisceau lumineux balaya la pièce, révélant un spectacle aussi fascinant qu'inquiétant. Suspendues au plafond de la salle, vingt et une cosses jaunes et translucides se balançaient doucement dans l'air humide, oscillant dans la brume épaisse qui s'échappait d'étranges ouvertures au-dessus. À l'intérieur de chaque cosse, on pouvait distinguer des formes indistinctes, des silhouettes humanoïdes aux traits reptiliens, flottant dans un liquide vert et mousseux qui semblait les maintenir dans un état de stase.

Cependant, ce n'était pas ce qui glaça le sang des deux femmes. L'une des cosses, à la différence des autres, était déchirée. Sèche et brune, elle pendait inerte, vide de tout occupant. La scène évoquait un accouchement monstrueux, comme si quelque chose s'était extrait de cette enveloppe pour hanter les profondeurs du labyrinthe. Le silence pesant était seulement troublé par le léger grésillement de la lampe torche et les battements affolés de leurs cœurs.



Elles comprirent avec effroi que le sorcier serpent qui les avait pourchassés avait émergé de cette cosse déchirée. Sa mission était claire : répandre le culte de Yig et réveiller un monde ancien, perdu dans les méandres du temps. Tandis qu’elles prenaient conscience de cette sombre réalité, Nadia puis Frère O'Malley et Charlotte les rejoignirent dans la salle. L'archéologue, épuisée et blessée, s'effondra, le sang coulant de plusieurs vilaines plaies. Voyant son état critique, Frère O'Malley se positionna à l'entrée de la salle, déterminé à la protéger.

***
Dans le couloir d'où ils venaient, la sinistre silhouette du sorcier homme-serpent apparut, flanquée des deux ghasts, dont l'un arborait un visage brûlé et défiguré par l'huile enflammée. La menace était palpable, et Olivia, en proie à la panique, proposa à Frère O'Malley de menacer le sorcier de détruire les cosses si lui et ses sbires osaient approcher davantage. À leur grande surprise, la menace porta ses fruits. Les abominations s'arrêtèrent, hésitantes.

Soudain, Nadia sentit l'esprit du sorcier pénétrer une nouvelle fois le sien, projetant des pensées malsaines et ténébreuses. Il promettait de les laisser partir s'ils abandonnaient les cosses et les enfants de Yig à leur destin. Horrifiée, mais tentant de garder son sang-froid, Nadia relaya le message au groupe. Personne ne crut aux paroles du sorcier, mais tous comprenaient qu'ils devaient gagner du temps, espérant trouver une échappatoire.

Ils évaluèrent leur situation : Charlotte et Nadia étaient sévèrement blessées, l’archéologue avait perdu son arme, et la journaliste était désarmée. Seul Frère O'Malley avait encore un chargeur plein, mais leur situation était désespérée. Tina, quant à elle, était plongée dans une folie incontrôlable. Alors qu’ils cherchaient une issue, elle découvrit un passage étroit d’où s’échappait un mince filet d’eau. Complètement affolée, elle s’y glissa en hurlant à Olivia de la suivre.




Frère O'Malley  tenta de dissuader la journaliste, l’avertissant que seul un miracle pourrait les sauver si elle empruntait ce passage, mais Olivia, désespérée, refusa d’écouter la voix de la raison et disparut à son tour dans l’étroit conduit. Frère O'Malley  regarda, impuissant, la lumière de la lampe torche s'éteindre avec la disparition d'Olivia. Résigné, il improvisa une torche avec un morceau de sa chemise et adressa une prière pour les jeunes femmes. Puis, il se pencha ensuite sur Charlotte, épongeant ses blessures et la réconfortant comme il le pouvait.

Lorsque l’archéologue reprit quelques forces, Frère O'Malley  lui expliqua la situation. Désormais, il n’y avait plus d’espoir. La chance de tenir tête aux monstres s'était évanouie avec la dispersion de leur groupe. La lueur de l'espoir s'était éteinte, et, avec elle, les chances de trouver une issue à ce cauchemar vivant. Ce fut à cet instant, que le religieux se rendit compte que Nadia avec elle aussi disparu. Elle s'était probablement glissée dans le boyau dans l'espoir de rejoindre la journaliste et la jeune héritière. Sans lumière, sans savoir pratique, le Frère la jugea perdue.

***


Provenant du couloir, des grognements gutturaux se firent entendre, résonnant sinistrement dans les ténèbres environnantes. Le sorcier avait rassemblé ses serviteurs, ces dégénérés monstrueux, et il ne tarderait pas à lancer l'assaut final. Frère O'Malley sentit le poids écrasant du désespoir sur ses épaules. Il prit les mains tremblantes de Charlotte dans les siennes, cherchant à puiser une dernière once de réconfort dans la prière.

Ils murmurèrent ensemble une prière pour leur salut, leurs voix tremblantes résonnant dans l'obscurité comme un dernier appel à la miséricorde divine. Mais dans leurs cœurs, ils savaient que le temps était compté et que le miracle qu’ils espéraient pourrait ne jamais se réaliser.

La mort dans l'âme, Frère O'Malley et Charlotte se résignèrent à suivre le même chemin qu'Olivia et Tina. Avec une lenteur désespérée, ils s’engagèrent dans le boyau étroit et humide, espérant contre toute attente qu'il puisse les mener quelque part, loin de l’horreur qui les poursuivait. Le bruit des grognements se faisait de plus en plus lointain, mais l’ombre de la mort planait toujours au-dessus d'eux, oppressante et inévitable.

Et le miracle eut lieu. Après des heures interminables de reptation dans une obscurité presque totale, Frère O'Malley et Charlotte émergèrent enfin dans un conduit d'égout, qui débouchait à l'air libre sur la côte battue par les vents de Providence. L'air salin et frais les enveloppa, un contraste saisissant avec les ténèbres suffocantes qu'ils laissaient derrière eux. Ils hurlèrent de joie, leur euphorie momentanée éclipsant l'épuisement et le traumatisme. Mais la réalité les rattrapa rapidement.

Après quelques instants d'euphorie, leurs pensées se tournèrent vers leurs amies, Tina et Olivia. Leurs cris d'allégresse se muèrent en appels inquiets, mais le silence qui suivit fut lourd de désespoir. Nulle trace des deux femmes. Le destin avait été bien plus cruel pour elles.

***

Olivia, dans sa panique, avait confié son sort à Tina, dont l'esprit était irrémédiablement brisé par les horreurs qu'elle avait endurées. Leurs quelques heures d'espoir se terminèrent abruptement lorsque la lampe torche s'éteignit pour de bon, les plongeant dans un noir absolu. Séparées dans l'immensité du labyrinthe souterrain sous Providence, elles étaient perdues.

Tina, déconnectée de la réalité, trébucha dans l'obscurité et bascula dans un gouffre sans fond, sa chute étant brève mais fatale. Olivia, quant à elle, continua d'errer dans les ténèbres, ses pensées brouillées par la peur et le désespoir. Elle fut soudainement emportée par un puissant courant souterrain qui l'entraîna vers les profondeurs glaciales. Luttant pour sa survie, elle sentit ses forces l'abandonner.

Alors qu'elle se débattait pour rejoindre la surface, ses poumons brûlant d'un besoin d'air, des mains surgies des ténèbres la saisirent et la tirèrent hors de l'eau. La lumière, aussi faible soit-elle, agressa ses yeux habitués à l'obscurité. Son soulagement fut de courte durée, car en levant les yeux pour remercier ses sauveurs, elle fut confrontée à une face simiesque, grotesque et inhumaine. Un cri d'horreur échappa de ses lèvres, se perdant dans les entrailles de la terre.

***
Parmi les ténèbres souterraines, Nadia, l'autrice, avait suivi le même chemin désespéré que Tina et Olivia. Bien que son esprit ait été déjà profondément ébranlé par les visions terrifiantes implantées par le sorcier homme-serpent, un instinct de survie viscéral l'avait poussée à continuer, rampant à travers le boyau étroit malgré la terreur qui lui dévorait l'âme.

Contre toute attente, elle réussit à émerger, seule, sur une plage désolée, à quelques kilomètres de Providence. Ses vêtements en lambeaux, trempée et boueuse, Nadia erra le long du rivage, murmurant des phrases incohérentes sur Yig, les enfants du serpent, et les horreurs qu'elle avait vues. Quelques jours plus tard, elle fut découverte par les garde-côtes, déshydratée, affamée, mais vivante. Cependant, toute raison semblait l'avoir abandonnée.

Sans papiers, sans moyen d'être identifiée, elle fut considérée comme une inconnue et rapidement transférée dans un asile de Providence. Les médecins qui tentèrent de la soigner se heurtèrent à un mur d'obsessions délirantes, des récits d'un monde ancien et terrible qu'elle était la seule à pouvoir entrevoir. Nadia, désormais enfermée dans sa folie, revivait sans cesse les visions du culte de Yig, sa conscience irrémédiablement brisée par les pouvoirs du sorcier homme-serpent.

Dans la solitude de sa cellule, elle murmurait des incantations incompréhensibles, les yeux perdus dans un vide où se jouaient des scènes cauchemardesques. Ses geôliers, bien que compatissants, ne pouvaient qu'assister impuissants à la lente descente de Nadia dans un abîme de démence, une victime de plus des forces sombres tapies sous Providence.

***

Conclusion

Providence, une ville maudite.
Frère O'Malley se tenait sur la côte rocheuse de Providence, le regard fixé sur l'horizon brumeux. La mer s'étendait à perte de vue, mais son esprit était ailleurs, tourmenté par les récents événements. À ses côtés, Charlotte, pâle et affaiblie, s'accrochait à lui comme à une bouée de sauvetage dans cet océan de terreur qu'ils avaient traversé. Malgré ses blessures et son esprit vacillant, elle était encore en vie, et c'était un petit miracle en soi.

De retour à Boston, le frère O'Malley fit immédiatement appel à Monseigneur Richard Stanton, son supérieur au sein de l'ordre. Dans le bureau obscur et sévère de Stanton, ils discutèrent à voix basse des horreurs découvertes sous Providence. Stanton, un homme aux traits marqués par des années de combats spirituels, écouta avec une attention silencieuse les détails sordides du culte de Yig et les abominations rencontrées. Après un long silence, Stanton acquiesça, le regard sombre.

« Le mal est ancien, Luke, et profondément enraciné. Mais il ne doit pas prospérer. Nous ferons ce qui est nécessaire pour protéger les âmes innocentes de cette menace. »

L'ordre se mit en mouvement. Charlotte fut confiée aux soins du Dr Evelyn White, une psychologue expérimentée qui avait déjà travaillé sur des cas de traumatismes surnaturels. Frère O'Malley s'assura qu'elle était en sécurité, sachant que si quelqu'un pouvait aider Charlotte à retrouver un semblant de paix, c'était le Dr White.

Cependant, l'esprit du frère était toujours hanté par un autre visage, celui de Nadia. Quelques jours après son retour à Boston, il apprit que Nadia, l'écrivaine tourmentée, avait été retrouvée par des gardes-côtes sur une plage, délirante et totalement méconnaissable. Sans papiers et incapable de s'exprimer clairement, elle avait été internée dans un asile à Providence, où elle vivait désormais en proie à des visions de serpents et de rituels monstrueux, son esprit ravagé par les horreurs qu'elle avait vécues.

La nouvelle assombrit encore le cœur de Frère O'Toole. Il fit tout ce qu'il put pour lui venir en aide, mais il savait qu'il était peut-être déjà trop tard pour la sauver de ses démons intérieurs. Il organisa discrètement son transfert sous la surveillance de l'ordre, espérant qu'un jour, avec les bons soins, elle pourrait retrouver un semblant de raison.

Pendant ce temps, l'ordre s'assura d'étouffer l'affaire, utilisant ses relations au sein de la police pour réécrire la vérité. Les morts furent attribués à des accidents tragiques, des rapports furent falsifiés, et les témoignages des survivants qui avaient perdu la raison furent discrédités. Le nom de Yig, les cosses suspendues, et les créatures serpentines, tout cela fut enterré dans les archives secrètes de l'ordre, destinées à ne jamais voir la lumière du jour.

Après avoir fait le nécessaire pour effacer les traces du cauchemar sous Providence, Frère O'Malley retourna à sa mission, prêt à affronter la prochaine menace qui se dresserait contre la lumière divine.

Une prière silencieuse sur les lèvres, il quitta le bureau de Stanton, le cœur lourd mais résolu. Car dans ce monde, où l'ombre et la lumière se livraient une guerre éternelle, le devoir de Frère Luke O'Malley était clair : rester en alerte, veiller sur les âmes perdues, et préparer l'Église aux combats à venir. Le sorcier homme-serpent n'avait pas été détruit, mais O'Malley savait que la guerre était loin d'être terminée. Et tant qu'il aurait foi en sa mission, il continuerait à combattre les ténèbres, un exorcisme à la fois.

***

Epilogue

Les ténèbres du souterrain étaient son domaine, un royaume où le temps semblait suspendu, et où les rares intrus qui osaient s'aventurer ne faisaient que nourrir ses ambitions. Le sorcier homme-serpent, ultime émissaire du grand Yig, se tenait immobile dans la pénombre, ses yeux reptiliens scrutant l'obscurité, cherchant des traces des intrus qui avaient osé défier son sanctuaire.

Leurs âmes faibles avaient été faciles à lire, leurs peurs, un nectar dont il s'était délecté. Il avait laissé certains s'échapper, car la peur qu'ils portaient en eux serait le germe de la terreur future, un outil précieux pour l'œuvre qu'il entendait achever. Yig, son maître, l’avait choisi pour raviver le culte ancien, et il ne faillirait pas.

Les récentes perturbations avaient été un test, une épreuve pour lui et pour ceux qui prétendaient dominer ces terres. Les morts, les fous, ceux qui avaient échappé à la folie pour vivre dans la peur — tous avaient joué leur rôle dans son dessein. La femme qui était enfermée à Providence, son esprit ravagé, deviendrait une prophétesse, même si elle ne le savait pas encore. Son délire, son murmure, porterait la parole de Yig parmi les hommes. L’ordre ancien se réveillerait.

Le sorcier jeta un regard vers les cosses suspendues au plafond, les derniers enfants de Yig en sommeil, protégés et prêts à émerger quand le monde serait de nouveau prêt à les accueillir. Mais il savait que le temps n’était pas encore venu. Il fallait d'abord affaiblir le cœur des humains, les préparer à l’ascension du culte.


Il leva une main griffue, invoquant les énergies primordiales qui circulaient dans les veines de la terre. Le gong résonna une nouvelle fois dans les profondeurs, une vibration sourde qui fit trembler les tunnels et résonna jusque dans les égouts de Providence. Un appel aux anciens, à ses semblables, à se rassembler et à attendre leur heure.

Le sorcier se retira dans les ombres, satisfait. Les graines du retour de Yig étaient semées. Peu importait le temps que cela prendrait, peu importait les sacrifices. L'éveil du culte était inévitable. Le destin des humains était scellé, et il en serait l'instrument.

Alors qu’il s’enfonçait plus profondément dans le labyrinthe souterrain, son esprit se projeta une dernière fois vers la surface, où les étoiles scintillaient au-dessus de Providence. Il ne restait plus qu’à attendre que la nuit descende complètement sur l’humanité, une nuit éternelle où Yig régnerait à nouveau.

mercredi 10 juillet 2024

L'appel de Cthulhu - Aux portes des Ténèbres 01

L'ombre sous la colline

Accroche 

L'archéologue Charlotte Bouchard (Charlotte) de l'université d'Arkham et la célèbre autrice Nadia Belluni (Nadège) viennent à Providence afin de visiter une exposition sur les Amérindiens. Après s'être installées au Biltmore Hôtel, elles rencontrent dans le hall de leur lieu de villégiature la journaliste Olivia Duscamp (Loredane), elle aussi originaire d'Arkham. Ensemble, les trois femmes décident de se rendre à l'exposition.


Providence dans les Années 1920

  • Aperçu Général

Providence, capitale de l'État de Rhode Island, est une ville dynamique et en pleine croissance dans les années 1920. Avec une population de plus de 250 000 habitants, elle est un centre de commerce, d'industrie et de culture en Nouvelle-Angleterre.

  • Histoire et Fondation

Fondée en 1636 par Roger Williams, un dissident religieux puritain, Providence s'est développée comme une ville refuge pour ceux cherchant la liberté religieuse. La ville a une longue histoire coloniale et a joué un rôle important pendant la Révolution américaine.

  • Économie et Industrie

Dans les années 1920, Providence est un centre industriel majeur, notamment pour la bijouterie, la fabrication de machines-outils, et les textiles. La ville est également un important port maritime grâce à sa situation sur la Providence River et la Narragansett Bay.

  • Architecture et Urbanisme

Les joueurs remarqueront un mélange éclectique d'architecture coloniale, victorienne et industrielle. Le centre-ville est en plein essor avec de nouveaux gratte-ciel, tandis que des quartiers résidentiels plus anciens conservent leurs maisons en bois et en briques.

  • Lieux Notables
    • L'Université Brown : Située sur College Hill, cette institution prestigieuse est un centre intellectuel et culturel de la ville.
    • Rhode Island State House : Avec son dôme majestueux, ce bâtiment est un symbole de la puissance et de l'histoire de Rhode Island.
    • Le Biltmore Hotel : Un hôtel de luxe récemment construit, c'est un lieu de rendez-vous pour l'élite de la ville.
    • Waterplace Park : Un quartier commerçant et de loisirs le long de la rivière.


  • Société et Culture

Providence est une mosaïque de cultures et de communautés, avec une forte présence d'immigrants italiens, irlandais, et juifs, parmi d'autres groupes. La prohibition est en vigueur, mais les bars clandestins prospèrent, ajoutant une touche de danger et d'excitation à la vie nocturne.

  • Scène Artistique et Littéraire

Les années 1920 voient un renouveau culturel avec des théâtres, des cinémas, et des clubs de jazz qui fleurissent. Les œuvres de H.P. Lovecraft, natif de Providence, commencent à gagner en popularité, bien que son influence soit encore principalement locale.

  • Environnement Urbain

Les rues sont animées par les tramways, les automobiles et les charrettes à chevaux. Les marchés de plein air, les boutiques spécialisées, et les cafés bordent les artères principales. La criminalité, bien que présente, est surtout le fait de gangs organisés contrôlant la contrebande d'alcool.


***

Le récit

Scène 1 - Mardi 7 juillet 1925 - Providence

L'exposition "Les Gardiens des Terres Ancestrales" se tenait au Musée d'Histoire Naturelle de Providence. Elle offrait une immersion profonde dans les cultures amérindiennes, avec une collection exceptionnelle d'artefacts, de costumes traditionnels, de poteries et de peintures. Les objets cérémoniels, comme les tambours sacrés et les masques rituels, étaient particulièrement fascinants. Une reconstitution d'un village typique avec des tipis, wigwams et longhouses permettait aux visiteurs de visualiser la vie quotidienne des tribus. Les enregistrements de légendes racontées par les aînés des tribus ajoutaient une dimension vivante et émotive à l'exposition.

Alors qu'elles déambulaient dans les salles, Charlotte, Nadia et Olivia croisèrent Josh Winscott (PNJ) une connaissance de Nadia. Josh était accompagné par une splendide jeune femme nommée Tina MacShane (Pauline) et par le Frère Luke O'Malley (Christophe) La conversation s'orienta naturellement vers les Amérindiens et l'histoire de Providence.

"Providence a une histoire si riche et complexe," dit Josh avec enthousiasme. "Saviez-vous que des tunnels ont été construits sous la ville à l'époque de l'esclavage ? Ces passages secrets étaient utilisés afin de faire passer les esclaves au nez et à la barbe des autorités. Eh bien, figurez-vous que j'en ai récemment découvert l'accès ! Ces tunnels n'ont pas été explorés depuis des décennies, peut-être même des siècles. Qui sait ce que nous pourrions y trouver ? Des artefacts oubliés, des inscriptions anciennes… Peut-être même des reliques amérindiennes. J'aimerais beaucoup que vous m'accompagniez pour les explorer. Ce serait une aventure incroyable et une occasion unique de découvrir une part cachée de notre histoire."

Intriguées et excitées par la perspective de cette exploration souterraine, Charlotte, Nadia, Olivia, ainsi que Tina et le Frère Luke, acceptèrent l'invitation de Josh.

Josh expliqua ensuite qu'il venait d'hériter de la maison de sa tante et qu'il ignorait totalement l'existence de ce passage secret. Le Frère O'Malley, qui était le confesseur de la tante de Josh, ajouta qu'elle lui avait confié lors de leurs échanges avoir été troublée par des phénomènes étranges dans la demeure, notamment des bruits inquiétants provenant de la cave. Peut être ce passage était-il à l'origine des bruits.

Ces révélations piquèrent encore plus l'intérêt des jeunes femmes, qui avaient très envie de se lancer dans l'aventure, et en cette fin de soirée elles se rendirent à la demeure de style colonial pour avoir un premier aperçu des tunnels.

Josh Winscott accueillent ses amis dans la demeure de sa regrettée tante.


Guidés par Josh, ils descendirent dans la cave, où une ouverture avait été pratiquée dans le mur. Une fois franchi, ils débouchèrent dans un large couloir bien étayé. D'anciennes appliques en fer forgé, rongées par la rouille, ornaient les murs. Le passage descendait en pente douce, plongeant rapidement dans les ténèbres. L'atmosphère était lourde et silencieuse, emplie de la promesse de mystères anciens attendant d'être découverts.

Frère O'Malley, observant attentivement l'endroit, remarqua l'absence de rigole et de détritus. "Ce n'est clairement pas un vulgaire égout," commenta-t-il. "L'endroit semble avoir été construit avec soin, sans les signes habituels de négligence ou de saleté que l'on trouve dans les systèmes de drainage. Cela corrobore l'idée que ces tunnels étaient destinés à un usage bien plus sombre et secret."

Ces observations accrurent encore plus la curiosité et l'excitation du groupe, renforçant leur détermination à explorer davantage ces passages et à découvrir leurs secrets enfouis, mais pas en tenue de soirée. 

De retour dans la cave, Charlotte recommanda à chacun de se procurer des accessoires adaptés comme des bottes épaisses, une corde, et au moins une lampe-torche. Ignorant ce qui les attendait au sein de ces tunnels mystérieux et ne connaissant pas leur étendue exacte, elle préférait qu'ils se préparassent à toute éventualité. Désinvolte, Tina indiqua que le personnel de l'hôtel serait plus qu'honoré de faire les courses pour elle. Elle s'engagea à fournir le nécessaire pour le lendemain en fin de matinée.

Nadia indiqua qu'il serait plus prudent de se renseigner sur ses tunnels avant de s'y aventurer. Frère Luke confirma que de nombreuses et inquiétantes légendes courraient sur ce type de lieux datant du siècle dernier. 

Josh Winscott était prêt à laisser ses amis décider du moment idéal pour débuter leur expédition. S'ils souhaitaient mener des recherches supplémentaires avant de s'aventurer dans le tunnel, il patienterait volontiers. Cependant il leur demanda de garder le secret sur cette trouvaille…

***

Scène 2 - Mercredi 8 juillet 1925 - Recherches historiques

Charlotte Bouchard, archéologue de renommée, et son amie Nadia Belluni arrivèrent à la bibliothèque John Hay, célèbre pour abriter la précieuse collection de livres de l'Université Brown. Leur mission : découvrir des informations sur les mystérieux événements et les secrets enfouis de Providence.

Recherche en Bibliothèque

Charlotte et Nadia passèrent plusieurs heures plongées dans les archives poussiéreuses et les livres anciens. Après des recherches méticuleuses, elles tombèrent sur un exemplaire jauni du Providence Journal, daté du 5 juin 1925. L'article, intitulé "Les Souvenirs Cachés de l'Esclavage à Providence," détaillait des récits historiques peu connus sur l'esclavage à Providence, mentionnant des tunnels secrets utilisés pour le commerce des esclaves et des lieux de réunions clandestines. Des témoignages évoquaient également des rituels occultes pratiqués par des groupes dissidents, ajoutant une couche de mystère et de sombre héritage à l'histoire de la ville.


Poursuivant leurs recherches, elles découvrirent également un extrait de la thèse de M. Jonathan Weathers, Professeur d'Histoire à l'Université Brown, intitulée "Cimetières Anciens de Providence : Reflets d'un Passé Oublié." La thèse explorait les cimetières historiques de Providence, révélant des informations surprenantes sur les rituels funéraires et les croyances occultes des premiers habitants de la ville. Les cimetières, loin d'être de simples lieux de repos, semblaient être des lieux troublés, marqués par des légendes et des histoires de revenants.

Avec ces découvertes, les jeunes femmes commencèrent à entrevoir les liens sombres et complexes entre l'histoire de Providence, les tunnels cachés, et les rituels occultes qui continuaient de hanter la ville. Leur quête pour comprendre ces phénomènes étranges les menait de plus en plus profondément dans les ténèbres de l'histoire et des légendes de Providence, une ville où les secrets du passé ne restent jamais enfouis bien longtemps.

Pendant ce temps, Frère O'Malley, déterminé à percer lui-aussi les mystères entourant la ville, se rendit à l'Église Saint-Michel située au 251 Oxford Street.


À l'Église Saint-Michel

Plongé dans les archives anciennes de son ordre, Frère O'Malley mit la main sur deux documents d'une importance capitale. Le premier était le journal du Lieutenant James Harrington du C.S.S. Providence, datant de 1863. Ce document terrifiant relatait une brume surnaturelle qui enveloppa la baie de Providence, accompagnée d'attaques par des créatures marines mi-humaines, mi-reptiliennes. Ces créatures étaient liées au culte du Grand Ancien Dagon, une divinité marine terrifiante vénérée par les tribus autochtones.

Le second document découvert par Frère O'Malley était le compte rendu du Père Jonathan Harrington, missionnaire à Providence en 1790. Ce compte rendu évoquait des rituels mystérieux et des légendes locales impliquant des divinités serpentines, notamment Yig, vénéré par les indiens Narragansett de la région. Les récits faisaient mention de symboles ésotériques et de pratiques occultes dans les tunnels souterrains de Providence, suggérant une connexion profonde entre les événements historiques et les mystères du Mythe qui hantaient encore la région.

Frère O'Malley sentit un frisson le parcourir. Un de ces mauvais pressentiments qui n'annonçait rien de bon. 


Providence Athenaeum

La veuve MacShane et Olivia se rendirent au Providence Athenaeum, une bibliothèque d'abonnement indépendante située dans le charmant quartier de College Hill. Dès leur entrée, elles constatèrent que, bien que le bâtiment fût ouvert au public, seuls les membres pouvaient consulter les ouvrages de la collection.

Elles furent accueillies par un majordome condescendant, un homme au port hautain et à la moustache impeccablement taillée, qui leur lança un regard désapprobateur, typique de ceux qui, en 1925, sous-estimaient le prétendu "sexe faible". Le majordome, visiblement peu impressionné, commença à leur expliquer les règles d'un ton paternaliste, comme s'il s'adressait à des enfants.

"Mesdames, je crains que seuls les membres puissent consulter notre précieuse collection. Peut-être pourriez-vous revenir avec un… gentleman pour vous assister ?" proposa t-il avec un sourire narquois.

Tina, un sourire prédateur aux lèvres, répondit avec une fermeté polie mais décidée : "Eh bien, nous n'avons pas besoin d'un 'gentleman', mais d'un abonnement. Combien pour l'année ?"

Le majordome, décontenancé, balbutia le montant. Sans hésitation, Tina sortit son porte-monnaie et s'acquitta de l'abonnement annuel pour Olivia et elle-même. Le majordome, visiblement remis à sa place, les guida alors vers la salle de lecture, un peu plus respectueux qu'auparavant.

Une fois les formalités passées, Tina et Olivia commencèrent leurs recherches avec une détermination renouvelée. Les heures passèrent, et elles explorèrent les rayonnages poussiéreux, feuilletant d'anciens manuscrits et des thèses académiques. Finalement, leur persévérance fut récompensée lorsqu'elles découvrirent deux textes fort à propos.

Le premier était un extrait de la thèse de Dr. Abigail Stone, Professeure d'Anthropologieà l'Université Brown. Les anciens peuples indigènes de la région de Rhode Island, notamment les Narragansetts, avaient une riche tradition spirituelle et rituelle, souvent incomprise ou méconnue des colons européens. Leurs pratiques, profondément enracinées dans leur relation avec la nature, comportaient des éléments que certains qualifieraient aujourd'hui d'occultes.

Les Narragansetts croyaient en une multitude d'esprits, tant bénéfiques que malveillants, qui habitaient les forêts, les rivières et les montagnes. Les chamanes, ou powwows, jouaient un rôle central dans la médiation avec ces esprits. Ils pratiquaient des rituels complexes incluant des chants, des danses et des offrandes pour apaiser les esprits et garantir la prospérité de la tribu.

Parmi les rituels les plus intrigants, se trouvaient les cérémonies nocturnes dans les bois sacrés, où les powwows invoquaient des esprits protecteurs pour éloigner les maladies et les mauvais sorts. Des cercles de pierres et des totems étaient souvent érigés en des lieux jugés particulièrement puissants, créant des sanctuaires mystiques imprégnés d'une énergie palpable pour les observateurs extérieurs.

Les récits de colons mentionnaient également des rituels de purification par le feu et l'eau, visant à nettoyer l'âme et le corps des influences négatives. Ces cérémonies, souvent tenues en secret, avaient été décrites avec un mélange de fascination et de crainte par les premiers Européens, qui voyaient en elles des pratiques païennes incompréhensibles.

La chance et leurs connaissances permirent ensuite à Tina et Olivia de mettre la main sur une véritable pépite dans les archives coloniales : une lettre rédigée par Jacob Bishop en 1811. Leur excitation était palpable alors qu'elles commençaient à déchiffrer le contenu jauni par le temps.

La lettre, adressée à un certain Phillip, relatait les dernières confessions d'Elijah Winscott, un homme tourmenté par des souvenirs sombres. Winscott, autrefois impliqué dans le négoce d'esclaves, avait raconté à Jacob comment, quinze ans auparavant, il avait creusé un tunnel sous sa maison pour faire passer des esclaves de la rivière à la ville, contournant ainsi les lois restrictives de l'époque.

Cependant, l'opération avait tourné au cauchemar. Winscott et ses hommes avaient découvert dans le tunnel les corps déchiquetés et les membres éparpillés des hommes blancs et noirs participant au premier voyage entre les quais et les entrepôts. Il était noté qu'il n'y avait aucune trace des femmes qui auraient dû être là. Les ombres du souterrain semblaient se jouer d'eux, et Winscott, terrifié, avait fait murer les passages sous sa demeure et près de la rivière.

Cette expérience l'avait hanté jusqu'à sa mort, le laissant convaincu qu'un gouffre maléfique s'étendait sous Providence. Elijah n'avait jamais retrouvé la paix, tombant malade et cessant toute activité jusqu'à ses derniers jours. Jacob terminait la lettre en espérant que le manoir d'Elijah apporterait plus de réconfort à ses héritiers.

En lisant cette lettre, Tina et Olivia comprirent qu'elles avaient mis la main sur une histoire à la fois macabre et fascinante, liant les mystères de Providence à des événements tragiques et inexpliqués du passé. Leur excitation grandissait à mesure qu'elles réalisaient l'ampleur de leur découverte, sentant qu'elles se rapprochaient de plus en plus de la vérité cachée sous les rues de la ville.


***

Scène 3 - Mercredi 8 juillet 1925  - Les souterrains

Les investigateurs regagnèrent la maison de Winscott en fin d'après-midi, bien plus tard que le rendez-vous fixé. En frappant à la porte, ils ne reçurent aucune réponse. Celle-ci était déverrouillée, mais leurs appels au maître de maison restèrent vains.
  • Plongée sous la colline
Descendant au sous-sol, ils découvrirent une tasse de café froid et des outils gisant près du mur. Allumant leurs lampes, ils se faufilèrent dans le tunnel visité la veille. Charlotte, grâce à ses talents acquis en Amérique du Sud, découvrit des empreintes humaines menant vers l’ouest, mais celles-ci disparaissaient rapidement.

Ils suivirent le boyau sur une bonne centaine de mètres et tombèrent sur d’anciens restes humains à trois mètres environ d’une ouverture dans la paroi sud. Il s’agissait des squelettes de six personnes, trois d’entre eux portaient des menottes de fer aux poignets et aux chevilles. Les vêtements pourris des squelettes dépourvus de menottes dataient sans doute de l’époque coloniale. Les ossements étaient éparpillés, probablement en raison de l’action de la vermine locale. L'un des crânes était enfoncé, indiquant une mort violente.


Guidé par Charlotte, le groupe progresse dans les sombres souterrains.

Près de l’ouverture de la paroi sud, un mégot de cigarette turque, probablement abandonné par Winscott, apparut dans le faisceau des lampes. L’ouverture débouchait sur un passage en pente descendante. Le tunnel, accidenté et sinueux, s’enfonçait sur presque huit cents mètres de long, à une profondeur d’une soixantaine de mètres, estima Tina, à la surprise de ses compagnons. Au bout, les investigateurs aperçurent une faible lueur au détour du passage. Celui-ci devint plus droit et l’intensité de la clarté augmenta, même si la source en demeurait inconnue. Bientôt, le passage s’ouvrit sur une vaste salle éclairée par des lichens phosphorescents. Cette première zone découcha sur une longue salle tortueuse décorée de bas-relief complexes qui laissa les explorateurs sans voix pendant un long moment.

  • La salle des bas-reliefs
Les sculptures représentaient des paysages ornés de tours et de bâtiments imposants. Des silhouettes d’hommes-serpents en robe y étaient gravées, s’adonnant à diverses activités. Sur certaines fresques, ces êtres vénéraient un immense serpent dont le front était marqué d’un symbole en forme de croissant. Sur d’autres, les hommes-serpents et leurs villes subissaient l’assaut de gigantesques reptiles.

Charlotte, scrutant attentivement les bas-reliefs, reconnut plusieurs dinosaures parmi les créatures représentées, notamment des ptérodactyles emportant dans les airs d’infortunés hommes-serpents. Cette révélation – une représentation antique et pourtant précise des dinosaures – troubla profondément le groupe. Ils réalisèrent que ces fresques, gravées il y a des millénaires, contenaient des connaissances que la science moderne n’avait découvertes que récemment.

Les scènes finales des fresques étaient particulièrement poignantes. Elles montraient le peuple serpent abandonnant leurs majestueuses villes de la surface, chassés par les reptiles géants. Ils se réfugiaient sous terre, s’y créant une nouvelle patrie dans les profondeurs obscures de la terre.

Les investigateurs ressentirent un mélange d’émerveillement et de crainte devant ces œuvres d’art anciennes. Chaque détail sculpté semblait murmurer les secrets d’une civilisation perdue, une civilisation qui avait connu des luttes terribles et avait trouvé refuge sous la terre. Mais ils ne pouvaient s’empêcher de se demander ce que cela signifiait pour eux, ici et maintenant, alors qu’ils exploraient les mêmes tunnels. Leurs esprits tourmentés par les images gravées dans la pierre, ils continuèrent à avancer, plus déterminés que jamais à retrouver Josh.


Alors que la progression se poursuivait, Nadia et Frère O'Malley échangèrent des observations. Ils remarquèrent que plus ils s'enfonçaient dans la caverne, plus la qualité artistique des gravures se dégradait, jusqu'à disparaître complètement. Les dernières scènes identifiables montraient l'arrivée d'un météore, déclenchant des cataclysmes provoquant la mort des reptiles géants et l'avènement de … l'homme.

Nadia, scrutant les détails des fresques avec fascination, murmura à Frère O'Malley : "Regardez ici, Frère Luke, cette scène où le météore s'abat sur la terre. Cela ressemble à une représentation païenne du déluge."

Frère O'Malley observa les bas-reliefs avec une expression sérieuse. "En effet, Nadia. Dans les légendes associées à Yig, le serpent cosmique, il est souvent décrit comme protecteur des hommes-serpents. Certaines traditions parlent de cataclysmes naturels causés par des météores ou des forces cosmiques, comme une forme de jugement divin."

Pendant ce temps, Olivia prenait des photos avec son appareil photo à plaques. Elle ajustait les réglages pour capturer chaque détail malgré la faible luminosité de la caverne. "Ces gravures sont incroyables," dit-elle doucement, en enregistrant chaque image. "Elles racontent vraiment une histoire unique et si loin de ce que l'on enseigne de nos jours."

Frère O'Malley, absorbé par l'atmosphère chargée de mystère de la salle, acquiesça en regardant Olivia travailler. "Ces photographies pourraient fournir des indices précieux sur la culture et l'histoire de ces anciens peuples. Elles pourraient nous aider à déchiffrer le sens caché derrière ces représentations."

Le silence retomba alors que les lampes éclairaient le chemin devant eux, révélant un passage plus étroit qui semblait mener plus profondément dans les entrailles de la terre. Les investigateurs se regardèrent brièvement, partageant un mélange d'excitation et d'appréhension face à ce qui les attendait dans ces profondeurs inexplorées.


  • Nous ne sommes pas seul !

Charlotte et Tina avaient poussé plus loin leur exploration. Devant elles, le couloir aboutissait sur un à-pic d'une dizaine de mètres avant de se poursuivre en contrebas. 

À mi-chemin de la pente, Charlotte éclaira une chaussure dans la lumière de sa torche, clairement identifiée comme celle de Josh. Décidant de prendre les choses en main, Tina, passionnée de spéléologie, entreprit la descente assurée par Charlotte. Ensemble, elles tracèrent un chemin vers sûr, récupérant la chaussure au passage. L'inquiétude grandit encore lorsque, dans la nouvelle section du dédale, Charlotte découvrit une traînée de sang, ajoutant un sinistre indice à leur recherche désespérée.

Charlotte tenta de suivre une piste éventuelle et pénétra, suivi de ses compagnons un couloir beaucoup plus large. Ils entendirent alors un bruit de course et se figèrent. Le Père O'Malley, le cœur battant, leva sa lanterne et distingua fugitivement une petite créature humanoïde, à la peau sombre et luisante, qui disparut rapidement dans un étroit boyau. Impulsivement, Charlotte et Tina se lancèrent à la poursuite de cette chose, laissant leurs compagnons figés par la stupeur. La traque tourna court alors que la créature s'engageait dans un passage étroit, bien trop exigu pour permettre le passage aisé d'un être humain.

Le prêtre irlandais ressentit un léger soulagement en considérant la taille de la chose; cependant, il ne pouvait s'empêcher de se questionner sur sa propre santé mentale. Était-il en train de perdre la tête pour imaginer que des hommes-serpents venus des temps anciens puissent encore exister en 1925 ?


  • La chambre musicale
Renonçant à poursuivre l'inquiétante silhouette, le groupe fit demi-tour et s'engagea dans l'un des passages latéraux. Celui-ci débouchait sur une vaste grotte dépourvue de lichen phosphorescent. Les cristaux des parois reflétaient toutefois les lumières vacillantes des lampes, projetant des reflets inquiétants sur les murs. Le plafond culminait à plusieurs dizaines de mètres au-dessus de leurs têtes, accentuant la sensation d'immensité oppressante.

Contre le mur du fond, ils aperçurent une structure bizarre, composée de tuyaux de bronze incrustés de cristaux de tailles et de couleurs variées. Les tuyaux pénétraient dans le mur à plusieurs endroits, leurs extrémités visibles se terminant en pointe menaçante. À six mètres de l’étrange assemblage, une formation rocheuse sculptée en forme de siège grossier et inconfortable pour un humain trônait, ajoutant une touche de mystère supplémentaire à la scène.

Une étrange mélopée emplit la pièce à leur entrée, envoûtante et sinistre. Tina, n'y résistant pas, s'avança suivie de près par Lidia et le Frère O'Malley. Peu rassurée, Miss Nadia resta figée sur le seuil, ses yeux scrutant l'obscurité avec appréhension. Charlotte, nerveuse, tripotait son colt, prête à réagir à la moindre menace. Leurs pas résonnaient dans la grotte, chaque écho amplifiant l'angoisse qui les enveloppait, tandis que la mélopée semblait se moquer de leur intrusion.


Olivia ne peut s'empêcher d'immortaliser l'instant pour son journal.


En s'approchant, ils distinguèrent des formes ovales plantées sur certaines des pointes des tuyaux. Leur horreur grandit lorsqu'ils réalisèrent qu'il s'agissait d'une vingtaine de têtes humaines. La vue de ces visages figés dans une expression de sérénité grotesque, avec des paupières closes, les pétrifia.

Tandis qu'ils s'approchaient du siège, ils comprirent rapidement que la musique provenait des têtes, qui gémissaient doucement en chœur. Les têtes, conservées par un procédé inconnu, étaient gravées de runes sinueuses profondément enfoncées dans leur chair. Leurs bouches et les muscles de leurs gorges s'agitaient, émettant une mélopée envoûtante. Certaines des têtes appartenaient manifestement à des hommes européens et d'autres à des Africains.

La mélopée susurrée par ces têtes mutilées avait quelque chose de mélodieux, mais le spectacle était monstrueux. L'horreur de la scène se mêlait à l'inexplicable beauté de la musique, créant une dissonance troublante. Olivia, malgré la terreur, sortit son appareil photo pour immortaliser cette découverte macabre, ses mains tremblant légèrement.

Tina et Lidia, leurs cœurs battant à tout rompre, s'avancèrent prudemment, tandis que le Frère O'Malley murmura une prière, espérant apporter un peu de paix aux âmes tourmentées. Nadia, toujours figée sur le seuil, avait le visage livide, et Charlotte, la mâchoire serrée, continuait de tripoter son colt nerveusement. Leurs esprits étaient en proie à une angoisse croissante, chaque gémissement des têtes résonnant dans leurs âmes comme une symphonie de l'horreur.

Tina, incapable de résister à l'attraction sinistre du siège, s'y installa. Instantanément, le chant s’intensifia, devenant plus complexe et envoûtant. Les harmonies qui en émanaient ne ressemblaient à rien de connu des investigateurs. La mélopée, toujours plus puissante, semblait vouloir les engloutir dans un océan d'épouvante et d'énigme insondable. L'inquiétude se changea en une frayeur sourde alors qu'ils réalisaient que Tina était désormais en communion avec ce chant macabre, ses yeux reflétant une lueur étrange et inconcevable. La jeune veuve sembla perdre pied, gloussant avant de rire hystériquement et de se jeter sur l'étrange et monstrueux orgue. 

Au même moment, Nadia fut enveloppée par une puissante odeur de mort et de charogne. Elle se retourna et poussa un hurlement en découvrant, à quelques pas d'elle, surgissant de la pénombre, une créature humanoïde à la peau jaunâtre et visqueuse, aux griffes acérées et aux crocs proéminents. Avant qu'elle ne puisse réagir, la créature se jeta sur elle et lui lacéra le torse. Le cri déchirant de Nadia fit réagir Charlotte, qui ouvrit le feu sans réfléchir. L'aboiement du colt résonna dans la caverne, mais la balle frappa un stalagmite, manquant sa cible.

La créature poussa un rugissement de défi en direction de l'audacieuse archéologue avant de se tourner à nouveau vers Nadia. Son regard de prédateur se fixa sur l'autrice pétrifiée par la peur. En un éclair, elle frappa, ses crocs se plantant profondément dans l'épaule de Nadia. Son cri de douleur résonna dans la caverne avant qu'elle ne sombre dans lune bienheureuse inconscience.

Olivia laissa choir son appareil et dégaina son pistolet. Elle tenta un tir au jugé en reculant vers Tina, mais manqua sa cible. Les rires déments de son amie résonnaient, ajoutant une note de folie à l'horreur ambiante. Olivia s'approcha et, dans un acte désespéré, la gifla violemment pour la ramener à la réalité.

Frère O'Malley, une prière de Saint Louis de Gonzague sur les lèvres, avança résolument vers le serviteur de la Bête, arme au poing. Mais Charlotte, son courage alimenté par une terreur indicible, ajusta son second tir avec précision. La balle frappa la créature en pleine poitrine. Cette dernière poussa un feulement de rage tout en reculant. Elle se fondit dans les ombres du couloir et disparut, laissant derrière elle une atmosphère chargée de tension et de peur.


***

Conclusion de la cession de jeu

La tension retomba légèrement avec la fuite de la créature, mais la mélopée sinistre continuait de résonner dans la caverne, amplifiant l’atmosphère d’horreur. Frère O'Malley se précipita auprès de Nadia, toujours inconsciente, et constata que sa blessure était profonde et vilaine. Il savait qu'il était impératif de la faire examiner par un médecin au plus vite. Les jeunes femmes étaient clairement sonnées par les événements d'une violence inouïe qui venaient de se dérouler sous leurs yeux.

Charlotte semblait perdre pied avec la réalité, ses yeux fixés dans le vide, murmurant des mots incohérents. Olivia, secouée mais déterminée, s'agenouilla devant elle, lui parlant fermement et la secouant doucement jusqu'à ce que Charlotte cligne des yeux et reprenne conscience de son environnement. Tina, encore hébétée après sa crise de panique, exprimait son désir de fuir cet endroit maudit et de signaler la disparition de Josh aux autorités.

"Nous devons partir," insista Tina, sa voix tremblante. "Il faut prévenir les autorités et les amener ici. Josh… Josh pourrait encore être en vie quelque part."

Frère O'Malley hocha la tête. "Nous devons aussi nous occuper de Nadia. Elle a besoin de soins médicaux immédiats."

Olivia se releva, déterminée. "D'accord. On va sortir d'ici, ramener de l'aide et retrouver Josh. Ensemble, on va y arriver."

Rassemblant leurs forces, le groupe se prépara à quitter la caverne, le poids des événements récents pesant lourdement sur leurs épaules, tandis que la mélodie étrange continuait de hanter leurs esprits.


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Références

  • Récit basé sur l'aventure "L'ombre sous la colline" par Christopher Smith Adair disponible dans le supplément Appel de Cthulhu  "Aux portes des ténèbres", Edge Studio (Juin 2020), ISBN : 843-5-407-62948-6
  • Illustrations 
    • Postcard - Providence Biltmore Hotel Rhode Island 1925
    • Salle des bas reliefs & chambre musicale par  Eric M. Lofgren - extraite du sup "Aux portes des ténèbres"
  • Photos
    • Providence, R.I.Jhon Hay Memorial Library Brown Université Postcard