samedi 24 février 2024

Alien - le jeu de rôles

Le chariot des dieux


Acte 1 - Boîte de Pandore

Le pesant vaisseau glissait silencieusement dans l'espace infini. Un observateur extérieur aurait pu lire, sur la coque marquée par le temps, en grosses lettres rouges USCSS Montero. C'était un cargo qui croisait depuis plus d'un demi-siècle sur les routes commerciales connues. Affrété par une succursale de la Weyland-Yutani, il avait quitté  la station orbitale d’Anchorpoint 8 semaines plus tôt et se rendait sur le Monde de Sutter, une colonie récemment installée à la Frontière, bien au-delà de la Bordure Extérieure.



L'équipage, plongé en hypersommeil dans des caissons d’hibernation cryogénique, n'eut pas conscience que le Montero avait dévié de son cap initial afin de répondre à un appel de détresse.  En réponse à ce message, le cargo s'était éveillé et de nombreux instruments, circuits et autres consoles s'activèrent. Les couvercles des caissons se soulevèrent dans un chuintement humide et les dormeurs s'ébrouèrent lentement, engourdis par plusieurs semaines de sommeil artificiel

Dès son réveil, la capitaine Miller (Charlotte) remarqua le voyant lumineux sur la console qui faisait face à "son cercueil de verre et de métal". La compagnie lui avait adressé un message prioritaire dont elle décida de prendre connaissance après un passage à la cambuse.  Elle y retrouva son équipage quelques dizaines de minutes plus tard. Tout le monde avait revêtu sa tenue de boulot. Des quatre membres d'équipage, le plus récent était le représentant de la compagnie: Wilson (Jeff), un type plutôt sympa. Il était là pour inspecter la tenue de route du vaisseau… Mais bien sûr, une inspection de vaisseau, personne n'y croyaient et certainement pas Cham (Marc) et Ryes (Alex). Le premier était un prolo idéaliste, l'homme à tout faire du Montero; quant à la seconde c'était une putain de bonne mécano mais bien trop proche de la vision des syndicats pour son propre bien. Enfin il y avait Davis (Olivier), la pilote qui, à peine sa barre protéinique engloutie, s'était rendue sur le pont principal.


L'équipage du Montero au complet

C'est là qu'elle la retrouva assise devant sa console. Miller avala une dernière gorgée de café en se glissant dans son fauteuil capitonné, simili cuir.  Activant l'ordinateur attenant, elle consulta le message de la compagnie et grimaça. Les nouvelles n'étaient pas bonnes et elles n'allaient pas plaire à l'équipage.




Davis avait déjà constaté une anomalie dans le plan de vol. Après avoir vérifié qu'il était correct, elle ne put que constater  que le Montero n'était pas en orbite  autour du monde de Sutter. Après plusieurs contrôles au niveau des auspex et autres senseurs, il était clair que le Montero avait bien programmé ce point précis comme destination immédiate. 




Wilson entra dans la cabine alors même que Davis exprimait ses inquiétudes. Le regard du représentant de la Weyland se perdit dans les ténèbres insondables au delà de la verrière.  Miller confirma les craintes de Davis et activa l'intercom afin que Cham et Ryes, occupés à contrôler les moteurs et à activer les divers systèmes de maintenance, puissent avoir connaissance de la situation: L’USCSS Montero avait été dérouté de sa trajectoire initiale conformément aux directives de la Compagnie pour répondre à un appel de détresse d’un vaisseau inconnu.

L'alerte provenait de ce secteur annonça la capitaine et le Montero devait rapidement entrer en contact avec la source. L'appel était plutôt étrange et Maman n'était pas parvenue à le déchiffrer. La seule certitude est qu'il s'agissait bien d'un appel de détresse. En écho aux paroles de Miller, les senseurs courte portée détectèrent l'approche d'un vaisseau tandis que résonnait la voix synthétique de Maman : "Alerte collision ! Vaisseau en approche ! Alerte collision ". 

Tout s'était déroulé si rapidement que Davis n'avait pu réagir assez rapidement. Un violent choc secoua le Montero, tandis qu'un terrible crissement métallique faisait vibrer toute la passerelle.




Une ombre noire surplombait désormais le Montero, comme surgie du néant. Davis prit un peu de champ tout en allumant tous les projecteurs. L'équipage découvrit dans le faisceau lumineux un vaisseau à la dérive. Sans éclairage, sans balise ou transpondeur, c'était comme un corps mort qui flottait dans l’espace. Seul le signal de détresse, émis par intermittence,  trahissait une activité.

Miller, comme le reste de l'équipage, était un peu choquée mais elle se reprit très vite. Elle ordonna à Maman d'identifier le vaisseau fantôme. Ce qu'elle fit rapidement. Il s'agissait de l’USCSS Cronus, un appareil Weyland SEV M3 de Classe Heliades, lancé en 2110 et disparu depuis plus de 70 ans ! Suite à cette annonce, la consternation put se lire sur tous les visages.  Dans la foulée Maman afficha de nouvelles instructions sur l'écran de la capitaine :




Le Montero n'était pas équipé pour détecter les signaux vitaux, il allait falloir pénétrer dans les entrailles du monstre. Aucune autre alternative n'existait et ce d'autant plus que suite à la collision avec le Cronus,  le Montero avait subit une décompression explosive de la chambre cryogénique. Cham et Ryes étaient formels : les caissons n'existaient plus ! 

Miller pris la seule décision qui s'imposait: elle se rendrait en reconnaissance à bord du Cronus avec Wilson tandis que Cham et Rye contrôleraient l'ensemble des systèmes de survie du Montero et que Davis resterait à son poste.


Au vu de la situation et par précaution, toute l'équipe enfila des scaphandres mais seuls Miller et Wilson fixèrent leurs casques en se rendant auprès du sas. Dans leur com, ils écoutaient Cham et Davis qui se coordonnaient afin d'aligner correctement le vaisseau pour déployer l'ombilic et de le fixer au sas du Cronus. La manœuvre prit une bonne heure mais finalement, les deux navires furent arrimés l'un à l'autre. Une heure fut encore nécessaire pour l'ouvrir avec l'aide de Cham et de sa disqueuse. En effet, le sas du Cronus était endommagé, semblant déformé de l'intérieur comme si quelque chose avait tenté de sortir, ce qui ne manqua pas d'inquiéter les explorateurs du vide. 


Le capitaine Mller et ses hommes pénètrent dans un tombeau glacé.


L'inquiétude gagna encore en intensité lorsque les astronautes constatèrent la présence d'éraflures à l'intérieur de la porte. Wilson tenta bien de rassurer tout le monde en affirmant que rien n'avait pu survivre 70 ans dans l'espace. Pour appuyer son affirmation, il signala les données remontées par Maman: la température était glaciale et affichait un bon 0° et aucun système ne fonctionnait plus. La capitaine souhaitait cependant être prudente et  ordonna à Cham de retourner sur le Montero afin de revenir avec les armes du bord en compagnie de Ryes. Durant l'interval, Wilson et elle-même se rendraient dans la chambre cryogénique du Cronus afin de voir si l'équipage s'y trouvait toujours. En effet, la salle des caissons était toujours maintenue en fonction tant que le vaisseau disposait d'énergie.

S'enfonçant dans les coursives silencieuses, les deux astronautes découvrirent d'inquiétantes traces de combat. Le pire fut la découverte d'un cadavre en combinaison spatiale. Derrière lui, le mur était éclaboussé de sang et de cervelle, tandis qu'un fusil à pompe reposait près de lui. Wilson se livra à un examen superficiel du corps et remarqua un détail curieux: les bras du mort semblaient bien trop longs, et ils avaient tendu les manches de sa combinaison jusqu'à la déchirer aux coudes.  Miller et Wilson n'eurent pas besoin de se parler: il était clair que l'homme s'était suicidé ! Wilson s'empara du fusil et en contrôla le fonctionnent: les ténèbres semblaient tellement plus menaçantes désormais.

Ce qu'ils découvrirent par la suite ne fut pas pour les rassurer:  l'encadrement de l'accès principal  à la chambre cryogénique comportaient des traces de griffes, indiquant que quelque chose avait essayé d'y pénétrer, apparemment sans succès puisque la porte était verrouillée de l'intérieur. La capitaine décida de reporter l'ouverture de la zone et de se replier sur la passerelle du Cronus le temps de comprendre ce qui c'était déroulé ici. Sur le chemin, ils croisèrent Cham et Rye apportant l'armement qui fut réparti entre les membres présents.

Bienvenu sur la passerelle.

Soudain alors qu'ils entraient sur la passerelle, le système MU/TH/RU 2000 du Cronus se réactiva et démarra le réacteur ainsi que les systèmes vitaux de bord, en réaction à la présence de Miller et de son équipe. La température s'élevant, Ryes fit remarquer une brume qui se formait signe que l'air plus chaud emplissait les coursives.  

Lorsqu'ils atteignirent la passerelle l'obscurité avait reculé remplacée par la lueur froide et artificielle des néons. Ils découvrirent que le poste de commandement avait subi les affres d'un incendie et plus encore.  Ainsi la table d'affichage holographique n'était plus qu'un amas de composants fondus, le poste des senseurs était également endommagé quant aux postes de pilotage, une hache était enfoncé dans l'un des deux.  Une vague de découragement s'abattit sur Miller et ses hommes, seul Wilson semblait insensible au déroulement des évènements.

Ryes et Cham se mirent immédiatement à l'ouvrage. En premier lieu, Ryes consulta les moniteurs des systèmes vitaux qui clignotaient en rouge suite au redémarrage des systèmes. Ils découvrirent ainsi que les filtres à carbone du puit de purification d'air étaient défectueux et que l'air recyclé contenait trop de dioxyde de carbone. Tout le monde s'accorda à dire qu'il était urgent de les remettre en état de fonctionnement, aussi les deux techniciens examinèrent avec attention les plans du Cronus afin de définir un mode opératoire. Ils identifièrent la réserve technique ainsi que le meilleur point d'accès au puit. Une fois cela fait, ils s'enfoncèrent dans les entrailles du vaisseau, direction le pont C.


Que s'est-il passé dans le système 26 Draconis
Restés sur le pont, Miller et Wilson commencèrent à élaborer des théories sur ce qui avait bien pu se dérouler ici. La capitaine constata avec soulagement que la console de commandement fonctionnait parfaitement. Elle permettait de superviser l'ensemble des informations les plus pertinentes  issues des autres consoles. Aussi essaya t-elle d'accéder au journal de bord, mais son niveau d'accréditation se révéla insuffisant. Cependant, Wilson et elle apprirent que le Cronus s'était rendu sur une planète lointaine et non cartographiée du système draconnis 26.

Pendant ce temps à bord du Montero, Davis suivait les échanges audio entre les différents groupes tout en gardant un œil sur les senseurs. Ces derniers émirent des signaux pour prévenir de la présence d'un vaisseau à quelques parsecs de la position du Montero. C'était la seconde fois que Davis constatait la présence de cet écho fantôme qui disparut une nouvelle fois aussi vite qu'il était apparu. Davis jugea plus prudent d'alerter  sa supérieure qui lui demande d'opérer un balayage à large spectre juste au cas où.

Le redémarrage des systèmes vitaux du Cronus eut un effet prévisible: le réveil de l'équipage originel dans les caissons d'hypersommeil. Père (Nom donné à l'IA du Cronus pour le distinguer de Maman) annonça froidement que les chambres cryogéniques étaient désactivées. Wilson proposa de se porter immédiatement à la rencontre des membres survivants mais Miller donna un contre-ordres :  interdiction d'approcher l'équipage du Cronus ! 

Miller s'installa de nouveau de la console de commandement et activa l'intercom afin d'entrer en communication avec les potentiels survivants. Après quelques minutes de silence pesant, une personne répondit à la capitaine. Elle se présenta sous le nom de Jhons officier du Cronus. L'homme était clairement  désorienté et n'avait guère les idées claires. Miller s'en moquait éperdument et pressait son homologue de questions sur ce qui était arrivé à son vaisseau. Wilson essaya bien de calmer Miller en lui rappelant que ces personnes avaient probablement passés 70 ans en hypersommeil, elles devaient être désorientées, déshydratées et affamées. Miller en n'avait cure et exigeait des réponses immédiates. Wilson décida de passer outre les directives du capitaine et il décide de se rendre sur place non sans avoir préalablement pris soins de prendre de l'eau et vérifié une nouvelle fois que son arme était bien chargée.

Après presque une heure, Wilson fut de retour sur le pont avec les survivants du Cronus. Ces derniers étaient au nombres de cinq: l'officier Jhons, le sergent Reid, les Dr Cooper et Flynn ainsi que l'agent de liaison de la compagnie, Clayton. Suite à leur réveil, ils souffraient d'amnésie ainsi que d'un grave syndrome de désorientation après avoir passé tant de temps en stase. Les cinq survivants souffraient encore de la déshydration et de la faim, mais bien qu'en ayant parfaitement conscience, la capitaine Miller reprit l'interrogatoire commencé par intercom sans aucune considération pour l'état de santé de ses vis à vis.

Chef de projet Cooper
Cependant alors que l'échange débutait à peine, le scientifique en chef Cooper se plaignit de maux de tête. Bientôt, il chuta tout en s'exprimant de façon incohérente. Alors que ses compagnons s'éloignaient de Cooper, en proie à un sentiment d'horreur, Wilson s'avança pour lui porter secours. Du sang jaillit avec violence de la bouche, du nez et des oreilles du malheureux provoquant la stupéfaction de Wilson et Miller. Ensuite tout se déroula si vite que les deux compagnons n'en eurent qu'un souvenir confus et horrifiques. La tête du docteur éclata, ou fut arrachée au niveau de la mâchoire, dans une véritable fontaine de sang. Une chose translucide glissa hors du corps et se dépouilla de son placenta.  L'immonde créature se dressa sur quatre pattes et se secoua afin de débarrasser sa peau chitineuse des morceaux de cervelle du docteur Cooper.




" Abattez le ! Abattez le maintenant" hurla quelqu'un dans le dos de Wilson. 

Wilson recula précipitamment, les yeux fixés sur le ridicule et terrifiant néomorphe. D'une main mal assurée, il chercha le fusil qu'il avait posé pour s'occuper du docteur. Les gens hurlaient et pleuraient en s'entassant dans la partie du poste de pilotage la plus éloignée possible du monstre qu'était devenu le docteur. Wilson se saisit de son arme et la brandit devant lui d'une main tremblante, tandis que la chose dévoilait une rangée interminable de dents luisantes et métalliques. 

" Tire bordel ! ordonna d'un ton désespéré Miller, sans pour autant songer à utiliser l'arme qu'elle portait à la hanche.

L'aboiement du fusil à pompe raisonna dans la salle, mais dans la précipitation Wilson manqua sa cible. Les dents du monstre claquèrent en direction du représentant de la compagnie comme pour se moquer, puis les bras et jambes propulsèrent la chose dans le corridor à une vitesse ahurissante à la manière d'un reptile


Vers l'acte 2

La longue nuit


Références

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